Matthieu 2, 1-11
Lumière : « Les Mages se mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à l'Orient, avançait devant eux jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. » Une prophétie de l'Avesta, le livre saint des Mages, prêtres de Ahura Mazda – selon le nom du Dieu unique dans la religion de la Perse, de l'Iran d'alors, d'où viennent les Mages ; « À la fin des siècles, Ahura Mazda [Dieu] engagera une lutte décisive contre Ahriman [Le Mal] et l'emportera grâce à l'archange Sraoscha (l'obéissant), vainqueur du démon Ashéma. Une Vierge concevra alors un Messie, le Victorieux, [...] qui fera ressusciter les morts ». En regard de cette prophétie, les Mages d'Iran oriental se recueillaient trois jours par an sur une montagne y guettant « l'étoile du grand roi », devant initier la nouvelle ère, ère de paix pour l'humanité et la création.
Et voilà qu'ils ont perçu cette lumière… Matthieu fait bien référence à cette prophétie ! On voit les Mages, hauts dignitaires religieux de la Perse, se rendant au palais d'Hérode, roi de Judée. On peut les imaginer entre temps s'attendant d'abord à une naissance au palais royal de la Perse et ne trouvant rien de ce côté : pas d'héritier royal né en ce temps-là...
Or, depuis plusieurs siècles, leurs pères et eux partagent leurs connaissances avec un autre peuple, les Juifs, qui comme eux attendent une ère de paix… Voilà rompues les frontières : c'est ce qui est au cœur de ce récit : rompues jusqu'aux frontières du prestige de ces hauts dignitaires – qui se retrouvent, non pas chez Hérode, mais agenouillés devant un enfant pauvre, porteur de la paix espérée. À ce point, c’est à nous d’emboîter leur pas. Voilà des Mages venus avec leurs trésors spirituels, symbolisés par leurs cadeaux, or, encens, parfum. Portés par leur langue propre, eux nomment Dieu Ahura Mazda, nous le nommons de diverses langues, Adonaï, Allah, God, etc., autant de noms et de langues qui nous disent une vérité au-dessus de tout nom.
Comme pour nous aujourd'hui, les trésors spirituels de nos traditions diverses dont nous avons entendus des extraits. Comme le nombre de trois Mages, absent dans l'évangile, mais correspondant aux trois cadeaux, viendra ensuite symboliser les « trois continents » connus alors, Afrique, Asie, Europe... Au-delà des frontières.
Grands dignitaires religieux, au cœur d'un des deux Empires ennemis, avec Rome, les plus puissants de l'époque : la Perse ; et que font les Mages, ces grands prêtres prestigieux ? – ils se courbent, car un enfant est tout petit. Eh bien c'est ce que nous sommes tous appelés à faire : « Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes », lit-on dans la Bible (Philippiens 2, 3).
Écho en ces paroles que nous avons entendues : « Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux » (Coran 49, 13), à savoir selon la découverte des Mages, le plus humble… Fût-ce blessant pour nos tentations de nous croire supérieurs aux autres de par notre religion, ou notre incroyance, ou notre origine nationale, etc. Blessant pour nos prétentions ? – Oui : « La blessure est l'endroit où la Lumière entre en nous : Là il y a l'espoir d'un trésor. » (Rumi). C'est là, et là seulement que « la ténèbre s'enfuit » (Ibn 'Arabi) – là où chacun sait se plier comme les Mages de l’Évangile devant l'humilité d'un enfant et de même accueillir autrui comme plus important que lui-même. C'est là seulement que jaillit la lumière du monde, la lumière pour le monde. Les Mages venus à Bethléhem ont trouvé le trésor qui répond aux leurs : quitter toutes nos prétentions à une supériorité sur autrui : « Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. » Alors cette lumière, portée depuis Bethléhem, devient paix pour le monde, brisant toutes les armes. « La beauté est un doux murmure. Elle parle en notre esprit. Sa voix cède à nos silences comme une faible lumière qui tremble de peur devant l'ombre. » (Khalil Gibran). Fragile, oui, cette lumière, mais plus forte que tout.
1 Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem,
2 et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.
3 Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4 Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ.
5 Ils lui dirent : A Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète:
6 Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple.
7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait.
8 Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.
9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta.
10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie.
11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
*
Lumière : « Les Mages se mirent en route ; et voici que l'astre, qu'ils avaient vu à l'Orient, avançait devant eux jusqu'à ce qu'il vînt s'arrêter au-dessus de l'endroit où était l'enfant. » Une prophétie de l'Avesta, le livre saint des Mages, prêtres de Ahura Mazda – selon le nom du Dieu unique dans la religion de la Perse, de l'Iran d'alors, d'où viennent les Mages ; « À la fin des siècles, Ahura Mazda [Dieu] engagera une lutte décisive contre Ahriman [Le Mal] et l'emportera grâce à l'archange Sraoscha (l'obéissant), vainqueur du démon Ashéma. Une Vierge concevra alors un Messie, le Victorieux, [...] qui fera ressusciter les morts ». En regard de cette prophétie, les Mages d'Iran oriental se recueillaient trois jours par an sur une montagne y guettant « l'étoile du grand roi », devant initier la nouvelle ère, ère de paix pour l'humanité et la création.
Et voilà qu'ils ont perçu cette lumière… Matthieu fait bien référence à cette prophétie ! On voit les Mages, hauts dignitaires religieux de la Perse, se rendant au palais d'Hérode, roi de Judée. On peut les imaginer entre temps s'attendant d'abord à une naissance au palais royal de la Perse et ne trouvant rien de ce côté : pas d'héritier royal né en ce temps-là...
Or, depuis plusieurs siècles, leurs pères et eux partagent leurs connaissances avec un autre peuple, les Juifs, qui comme eux attendent une ère de paix… Voilà rompues les frontières : c'est ce qui est au cœur de ce récit : rompues jusqu'aux frontières du prestige de ces hauts dignitaires – qui se retrouvent, non pas chez Hérode, mais agenouillés devant un enfant pauvre, porteur de la paix espérée. À ce point, c’est à nous d’emboîter leur pas. Voilà des Mages venus avec leurs trésors spirituels, symbolisés par leurs cadeaux, or, encens, parfum. Portés par leur langue propre, eux nomment Dieu Ahura Mazda, nous le nommons de diverses langues, Adonaï, Allah, God, etc., autant de noms et de langues qui nous disent une vérité au-dessus de tout nom.
Comme pour nous aujourd'hui, les trésors spirituels de nos traditions diverses dont nous avons entendus des extraits. Comme le nombre de trois Mages, absent dans l'évangile, mais correspondant aux trois cadeaux, viendra ensuite symboliser les « trois continents » connus alors, Afrique, Asie, Europe... Au-delà des frontières.
Grands dignitaires religieux, au cœur d'un des deux Empires ennemis, avec Rome, les plus puissants de l'époque : la Perse ; et que font les Mages, ces grands prêtres prestigieux ? – ils se courbent, car un enfant est tout petit. Eh bien c'est ce que nous sommes tous appelés à faire : « Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes », lit-on dans la Bible (Philippiens 2, 3).
Écho en ces paroles que nous avons entendues : « Le plus noble d'entre vous, auprès de Dieu, est le plus pieux » (Coran 49, 13), à savoir selon la découverte des Mages, le plus humble… Fût-ce blessant pour nos tentations de nous croire supérieurs aux autres de par notre religion, ou notre incroyance, ou notre origine nationale, etc. Blessant pour nos prétentions ? – Oui : « La blessure est l'endroit où la Lumière entre en nous : Là il y a l'espoir d'un trésor. » (Rumi). C'est là, et là seulement que « la ténèbre s'enfuit » (Ibn 'Arabi) – là où chacun sait se plier comme les Mages de l’Évangile devant l'humilité d'un enfant et de même accueillir autrui comme plus important que lui-même. C'est là seulement que jaillit la lumière du monde, la lumière pour le monde. Les Mages venus à Bethléhem ont trouvé le trésor qui répond aux leurs : quitter toutes nos prétentions à une supériorité sur autrui : « Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir inutile de briller, mais, avec humilité, considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. » Alors cette lumière, portée depuis Bethléhem, devient paix pour le monde, brisant toutes les armes. « La beauté est un doux murmure. Elle parle en notre esprit. Sa voix cède à nos silences comme une faible lumière qui tremble de peur devant l'ombre. » (Khalil Gibran). Fragile, oui, cette lumière, mais plus forte que tout.
RP, Lumières de Bethléhem, Poitiers, Ste Radegonde, 11/12/ 2016
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