Une musique qui protestait, ouvrait des horizons et promettait… quoi ?
Désormais passage obligé, elle tient le haut du pavé — sous lequel, nous promettait-on, on trouverait des horizons ensoleillés.
Une musique qui, alors, accompagnait l’américanisation de la jeunesse mondiale qui contestait avec la jeunesse américaine l’expansion de l’Amérique comme consumérisme guerrier et extravagant !
Sous les pavés, la plage… où s’empilent avec les corps émanant leur odeur de crème solaire, les papiers gras et les taches de pétrole égarées depuis la mer.
Et Hendrix accompagne désormais — mémoire sonore d’un anti-consumériste Little Wing — la pub d’une BMW :
Jimi Hendrix — Little Wing (1967)
Et si l’on préfère un autre type de voitures, Hendrix encore — interprétant All along the watchtower de Bob Dylan — ouvre l’Espace de Renault.
Inaccessible tout cela ? Qu’à cela ne tienne, on a pensé à tout. À défaut de voiture, on se contentera de chaussures, chères tout de même (et soupçonnées un temps de devoir leur confection à des enfants mis à la tâche dans des pays pauvres !).
Ici, ce sont les Beatles qui par leur Revolution (aux paroles déjà bien désabusées, toutefois), écho de cette révolution des années '60 partie d'outre-Atlantique, illustreront la... révolution plus récente des chaussures "à air":
Beatles — Revolution (1968)
Ou pour ceux qui ne sont pas parmi les sportifs, on jouira — sans entraves — de l’arc-en-ciel des nouvelles technologies télévisuelles. She’s like a rainbow, des Rolling Stones, en fait foi :
Rolling Stones — She’s a rainbow (1967)
Il faut bien cela, pour se détendre devant les séries-télé. Ici "Les Experts". Générique — les Who :
The Who — We won't get fooled again (1971)
Et bien sûr, j’écris tout cela sur ce blog depuis un ordinateur… Jimi Hendrix à nouveau :
Jimi Hendrix — Purple Haze (1967) (la video de la pub ici)
*
« L'étudiant se révolte, et ce n'était pas comme la révolte ouvrière pour un monde plus juste, mieux organisé, plus installé, auquel il devait prendre part, mais contre ce monde organisé, installé, cette prolifération de choses et de bien-être, de compétences et de machineries.
Le hippie se révolte dans l'exaltation du pouvoir des fleurs, le rêve hypnotique, la transe musicale … Il n'y a pas de programme et de projet. On a souvent reproché aux jeunes de ne pas avoir de projet, de programme. Quand les étudiants disent non à l'Université, ils n'ont rien de nouveau, de précis à formuler, aucun plan de ce que devrait être l'Université … « Que demandez-vous ? » Ils ne savent que répondre : « Que tout saute — Mais ce n'est pas une réponse, et l'avenir … ? » Ici, tout se tait parce qu'il n'y a pas d'avenir.
Quant aux hippies, c'est leur essence même qui veut qu'ils n'aient aucun projet. On vit aujourd'hui. On saisit l'instant, essayant de le rendre aussi beau, séduisant, charmeur, que possible. Les « conséquences » sont refusées. Ils entrent dans un nouveau mode d'expression, un nouveau style du vécu. Ils refusent les assurances et les prévisions. Ils refusent l'action pour atteindre un certain but fixé. Ils refusent la pensée « conséquentiaire ». Tout cela est radical ; ils cherchent à atteindre la racine du mal - et convaincus que tout finalement serait récupéré, ils n'avancent plus que le Rien, convaincus que cela du moins ne pourra être récupéré par la forme totalisante de notre société. Dans ce déferlement, la protestation contre la guerre au Viêt-nam, contre la misère des Noirs américains, contre le racisme, contre la répression, ne sont que des prétextes et de petites mobilisations, l'essence du mouvement c'est rien. C'est l'aspiration à ne pas voir plus loin que le moment, c'est le Grand Refus contre tout ce qui est proposé. Il faut ramener à rien tout ce qui est, car ce qui est, c'est la répression, l'aliénation … Sur quoi débouchera ce rien ? Ici encore règne la plus grande incertitude. » (Jacques Ellul, L’Espérance oubliée, éd. Gallimard, 1972, p. 21-22.)
Le hippie se révolte dans l'exaltation du pouvoir des fleurs, le rêve hypnotique, la transe musicale … Il n'y a pas de programme et de projet. On a souvent reproché aux jeunes de ne pas avoir de projet, de programme. Quand les étudiants disent non à l'Université, ils n'ont rien de nouveau, de précis à formuler, aucun plan de ce que devrait être l'Université … « Que demandez-vous ? » Ils ne savent que répondre : « Que tout saute — Mais ce n'est pas une réponse, et l'avenir … ? » Ici, tout se tait parce qu'il n'y a pas d'avenir.
Quant aux hippies, c'est leur essence même qui veut qu'ils n'aient aucun projet. On vit aujourd'hui. On saisit l'instant, essayant de le rendre aussi beau, séduisant, charmeur, que possible. Les « conséquences » sont refusées. Ils entrent dans un nouveau mode d'expression, un nouveau style du vécu. Ils refusent les assurances et les prévisions. Ils refusent l'action pour atteindre un certain but fixé. Ils refusent la pensée « conséquentiaire ». Tout cela est radical ; ils cherchent à atteindre la racine du mal - et convaincus que tout finalement serait récupéré, ils n'avancent plus que le Rien, convaincus que cela du moins ne pourra être récupéré par la forme totalisante de notre société. Dans ce déferlement, la protestation contre la guerre au Viêt-nam, contre la misère des Noirs américains, contre le racisme, contre la répression, ne sont que des prétextes et de petites mobilisations, l'essence du mouvement c'est rien. C'est l'aspiration à ne pas voir plus loin que le moment, c'est le Grand Refus contre tout ce qui est proposé. Il faut ramener à rien tout ce qui est, car ce qui est, c'est la répression, l'aliénation … Sur quoi débouchera ce rien ? Ici encore règne la plus grande incertitude. » (Jacques Ellul, L’Espérance oubliée, éd. Gallimard, 1972, p. 21-22.)
"J’ai vu tout ce qui se fait sous le soleil ;
et voici, tout est vanité et poursuite du vent."
et voici, tout est vanité et poursuite du vent."
Ecclésiaste 1, 14
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