Parasha Tetsave - תצווה — Exode 27, 20 à 30, 10
Pourquoi tous ces détails, cette organisation stricte de la mise en place du sacerdoce, de ses dignitaires attitrés, de ses rites ?
On est face au divin, au « numineux » pour le dire comme les historiens des religions, face au sacré, à quelque chose de terrible, tremendus en latin, qui fait trembler ! « Nul ne peut voir Dieu et vivre ».
La fonction de la religion est alors là, dans tout le détail de la description du rite et de ses officiants : autant de règles d’approche, pas par n’importe qui, désignant le sacré pour le rencontrer sans le profaner. Des règles à observer minutieusement — ici par les Lévites uniquement, et selon les règles ! (cf. ci-dessous : Nadab et Abihu ainsi qu’Uzza sont Lévites) — sous peine de voir le sacré déborder dans le recouvrement de son déferlement et de son danger.
Lévitique 10 :
Signe que la terreur est présente, à moins que…
Mis en ordre dans la religion, le sacré perd ipso facto quelque chose quelque chose de sa puissance. S’il est institutionnalisé, domestiqué donc, il est moins imprévisible, moins terrible, déjà en marche vers sa profanation et son remplacement. Et on ne profane collectivement que ce qui n’est déjà plus sacré, ou qui est le sacré d’autrui — que ce soit moquerie sur une religion, ses symboles ou ses clercs, ou une institution d’État ou autre personnage royal.
Tel est le paradoxe du rite qui dessine le sacré, l’espace sacré, le temps sacré, le personnage sacré. Mais en lui faisant perdre son trop grand danger, la religion est déjà, comme telle, en route vers sa propre profanation. S’il n’y a plus lieu de trembler, s’il n’y a là, à terme, plus rien de « tremendus », de terrifiant, il n’y a là bientôt plus rien de particulièrement sacré… Au risque de voir la violence rejaillir par un autre biais, décuplée…
C’est la violence qui est à la racine de nos êtres qui est dévoilée dans la violence du sacré, et dans son lien avec le sacrifice. Cette violence qui se déploie par le mimétisme selon la théorie de René Girard, l’imitation du désir des uns par les autres, violence qui débouche sur la guerre de tous contre tous, et qui est évacuée par le sacrifice, la désignation d’un « bouc émissaire », puis l’organisation d’un rituel autour de ce « bouc émissaire », jusqu’au sacrifice animal en lieu et place du sacrifice humain.
La sacrifice humain interdit par la Bible (cf. l’épisode de la ligature d’Isaac) ouvre sur l’institution des Lévites, consacrés en lieu de place des premiers nés (v.11 & 12) qu’il est illégitime de sacrifier ! Les Lévites sont alors consacrés au rituel sacrificiel d’évacuation de la violence au cœur de nos êtres, au cœur du sacré, contact terrible avec l’ultime.
Au fond, nul ne peut voir Dieu et vivre…
Relecture chrétienne : « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a raconté. » (Jn 1, 18). La mort du Christ devient dans cette perspective notre mort par laquelle on rencontre Dieu dans sa résurrection, notre résurrection… Vous être morts avec lui, et ressuscités avec lui, écrit Paul à plusieurs reprises.
Pourquoi tous ces détails, cette organisation stricte de la mise en place du sacerdoce, de ses dignitaires attitrés, de ses rites ?
On est face au divin, au « numineux » pour le dire comme les historiens des religions, face au sacré, à quelque chose de terrible, tremendus en latin, qui fait trembler ! « Nul ne peut voir Dieu et vivre ».
La fonction de la religion est alors là, dans tout le détail de la description du rite et de ses officiants : autant de règles d’approche, pas par n’importe qui, désignant le sacré pour le rencontrer sans le profaner. Des règles à observer minutieusement — ici par les Lévites uniquement, et selon les règles ! (cf. ci-dessous : Nadab et Abihu ainsi qu’Uzza sont Lévites) — sous peine de voir le sacré déborder dans le recouvrement de son déferlement et de son danger.
Lévitique 10 :
1 Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ; ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il ne leur avait point ordonné.2 samuel 6 :
2 Alors le feu sortit de devant l’Éternel, et les consuma : ils moururent devant l’Éternel.
1 David rassembla encore toute l’élite d’Israël, au nombre de trente mille hommes.
2 Et David, avec tout le peuple qui était auprès de lui, se mit en marche depuis Baalé-Juda, pour faire monter de là l’arche de Dieu, devant laquelle est invoqué le nom de l’Éternel des armées qui réside entre les chérubins au-dessus de l’arche.
3 Ils mirent sur un char neuf l’arche de Dieu, et l’emportèrent de la maison d’Abinadab sur la colline ; Uzza et Achjo, fils d’Abinadab, conduisaient le char neuf.
4 Ils l’emportèrent donc de la maison d’Abinadab sur la colline ; Uzza marchait à côté de l’arche de Dieu, et Achjo allait devant l’arche.
5 David et toute la maison d’Israël jouaient devant l’Éternel de toutes sortes d’instruments de bois de cyprès, des harpes, des luths, des tambourins, des sistres et des cymbales.
6 Lorsqu’ils furent arrivés à l’aire de Nacon, Uzza étendit la main vers l’arche de Dieu et la saisit, parce que les bœufs la faisaient pencher.
7 La colère de l’Éternel s’enflamma contre Uzza, et Dieu le frappa sur place à cause de sa faute. Uzza mourut là, près de l’arche de Dieu.
Signe que la terreur est présente, à moins que…
Mis en ordre dans la religion, le sacré perd ipso facto quelque chose quelque chose de sa puissance. S’il est institutionnalisé, domestiqué donc, il est moins imprévisible, moins terrible, déjà en marche vers sa profanation et son remplacement. Et on ne profane collectivement que ce qui n’est déjà plus sacré, ou qui est le sacré d’autrui — que ce soit moquerie sur une religion, ses symboles ou ses clercs, ou une institution d’État ou autre personnage royal.
Tel est le paradoxe du rite qui dessine le sacré, l’espace sacré, le temps sacré, le personnage sacré. Mais en lui faisant perdre son trop grand danger, la religion est déjà, comme telle, en route vers sa propre profanation. S’il n’y a plus lieu de trembler, s’il n’y a là, à terme, plus rien de « tremendus », de terrifiant, il n’y a là bientôt plus rien de particulièrement sacré… Au risque de voir la violence rejaillir par un autre biais, décuplée…
C’est la violence qui est à la racine de nos êtres qui est dévoilée dans la violence du sacré, et dans son lien avec le sacrifice. Cette violence qui se déploie par le mimétisme selon la théorie de René Girard, l’imitation du désir des uns par les autres, violence qui débouche sur la guerre de tous contre tous, et qui est évacuée par le sacrifice, la désignation d’un « bouc émissaire », puis l’organisation d’un rituel autour de ce « bouc émissaire », jusqu’au sacrifice animal en lieu et place du sacrifice humain.
La sacrifice humain interdit par la Bible (cf. l’épisode de la ligature d’Isaac) ouvre sur l’institution des Lévites, consacrés en lieu de place des premiers nés (v.11 & 12) qu’il est illégitime de sacrifier ! Les Lévites sont alors consacrés au rituel sacrificiel d’évacuation de la violence au cœur de nos êtres, au cœur du sacré, contact terrible avec l’ultime.
Au fond, nul ne peut voir Dieu et vivre…
Relecture chrétienne : « Personne n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a raconté. » (Jn 1, 18). La mort du Christ devient dans cette perspective notre mort par laquelle on rencontre Dieu dans sa résurrection, notre résurrection… Vous être morts avec lui, et ressuscités avec lui, écrit Paul à plusieurs reprises.
RP
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire