Un moment fondateur commun des traditions se réclamant de la figure d'Abraham est dans les textes le refus radical de voir donner la mort au nom de Dieu. C'est tout le trajet du récit qui nous conduit du moment où Abraham croit devoir sacrifier son fils à celui où Dieu arrête son geste (Genèse 22). Ce moment qui se trouve aussi dans le Coran a pour fin de dire que pour le Dieu d'Abraham tuer en son nom déshonore son nom. Moment commun aux trois traditions issues d'Abraham : le judaïsme qui y fonde son éthique, devenue éthique commune ; le christianisme qui relit le récit de la Genèse comme préfigurant la mort injuste de l'innocent en Jésus ; l'islam qui commémore ce tournant religieux par l'Aïd el-Kébir. En commun, le refus de voir déshonorer le nom de Dieu en s’imaginant qu'il serait assoiffé de sang humain !
Et aussi l’affirmation de l'innocence de la victime dont le fanatisme ou l'inconscience font un bouc émissaire – en la désignant comme coupable. Pour les victimes d'attentats terroristes, collectivement décrétées coupables !
La dénonciation de ce phénomène insoutenable est au cœur de ce que le christianisme lit dans la mort de Jésus : le refus de l'attitude inconsciente commune de sacrifier des innocents en en faisant d'imaginaires coupables. Ce moment central de la foi chrétienne s'inscrit dans la lignée de l'épisode du non-sacrifice d'Isaac – puisqu'Isaac n'a pas été sacrifié –, tel qu'il a été aussi relu auparavant par le prophète Ésaïe (ch. 53). On mesure le scandale et la perversion, le blasphème, qui consiste à tuer des êtres humains au nom du Dieu d'Abraham dont l'enseignement premier est précisément qu'on ne tue pas en son nom – sauf à en faire un diable.
Ce moment Abraham est dénonciation de toute exclusion d'une créature de Dieu, que ce soit pour des raisons économiques, où pour que la machine tourne bien on exclut de facto pauvres et chômeurs, voire des populations de pays entiers, en les rendant par dessus le marché coupables de leur situation de victimes ; ou on en condamne d'autres à la fuite et au statut de réfugiés (au seul prétexte qu'ils sont nés dans telle communauté, yézidie, chrétienne, ou autre), sous la menace de les sacrifier à on ne sait quels projets d'empires ou de califats. Autant de façons de refuser la signification du moment Abraham comme refus du sacrifice humain, qu'Abraham avait cru dans un premier temps devoir accomplir au nom d'une fidélité mal comprise – jusqu'à ce que Dieu arrête sa main en passe de devenir meurtrière.
C'est ainsi que – bien inscrit dans une époque où l'on sacrifie au nom d'une économie globale – le comble du blasphème est bien l'attentat terroriste au nom du Dieu d'Abraham !
Et aussi l’affirmation de l'innocence de la victime dont le fanatisme ou l'inconscience font un bouc émissaire – en la désignant comme coupable. Pour les victimes d'attentats terroristes, collectivement décrétées coupables !
La dénonciation de ce phénomène insoutenable est au cœur de ce que le christianisme lit dans la mort de Jésus : le refus de l'attitude inconsciente commune de sacrifier des innocents en en faisant d'imaginaires coupables. Ce moment central de la foi chrétienne s'inscrit dans la lignée de l'épisode du non-sacrifice d'Isaac – puisqu'Isaac n'a pas été sacrifié –, tel qu'il a été aussi relu auparavant par le prophète Ésaïe (ch. 53). On mesure le scandale et la perversion, le blasphème, qui consiste à tuer des êtres humains au nom du Dieu d'Abraham dont l'enseignement premier est précisément qu'on ne tue pas en son nom – sauf à en faire un diable.
Ce moment Abraham est dénonciation de toute exclusion d'une créature de Dieu, que ce soit pour des raisons économiques, où pour que la machine tourne bien on exclut de facto pauvres et chômeurs, voire des populations de pays entiers, en les rendant par dessus le marché coupables de leur situation de victimes ; ou on en condamne d'autres à la fuite et au statut de réfugiés (au seul prétexte qu'ils sont nés dans telle communauté, yézidie, chrétienne, ou autre), sous la menace de les sacrifier à on ne sait quels projets d'empires ou de califats. Autant de façons de refuser la signification du moment Abraham comme refus du sacrifice humain, qu'Abraham avait cru dans un premier temps devoir accomplir au nom d'une fidélité mal comprise – jusqu'à ce que Dieu arrête sa main en passe de devenir meurtrière.
C'est ainsi que – bien inscrit dans une époque où l'on sacrifie au nom d'une économie globale – le comble du blasphème est bien l'attentat terroriste au nom du Dieu d'Abraham !
RP
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