Matthieu 1, 17-25
18 Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ. Marie, sa mère, était accordée en mariage à Joseph; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle se trouva enceinte par le fait de l’Esprit Saint.
19 Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la diffamer publiquement, résolut de la répudier secrètement.
20 Il avait formé ce projet, et voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit: "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse: ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint,
21 et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés."
22 Tout cela arriva pour que s’accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète:
23 Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit: "Dieu avec nous".
24 A son réveil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit: il prit chez lui son épouse,
25 mais il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
Lorsque Matthieu nous présente Joseph, il nous présente un homme qui a déjà pleinement assumé ce qui lui arrive. Homme juste que Joseph, dit le texte. Un juste qui ne veut pas exposer sa fiancée à la honte et à la menace qui pèse sur une femme adultère ; elle dont il a pourtant d’abord pensé, mettons-nous à sa place, qu’elle l’a trompé… Avant même le mariage. Voilà ce qu’a dessiné le texte.
Mais quel rapport entre l’adoption de Jésus par Joseph et nous ?, me direz-vous peut-être. En quoi cette naissance, la naissance de cet enfant déjà Roi, me concerne ? En quoi dit-t-elle le retour à Dieu et le terme du cheminement de son peuple ? Qu’en est-il pour moi au-delà de la simple histoire de cette jeune fille, Marie, qui a un enfant sans que son fiancé n’y soit pour rien ? Eh bien, au-delà de cette superbe histoire de pardon et d'adoption, l'Évangile nous offre la parole du salut en Jésus-Christ.
Eh bien, c’est cela qu’il s’agit pour nous aussi d'adopter : le salut de Dieu, son projet pour nous — pour que s’accomplisse la promesse selon laquelle Dieu sera avec nous : Emmanuel.
Pour cela, il nous appartient d’accepter à notre tour ce que Joseph a accepté : accepter que la réalité la plus importante de notre vie ne vienne pas de nous-mêmes. Le salut éternel n’est pas quelque chose que nous devons produire par nous-mêmes, il est à recevoir, à adopter comme Joseph adopte dans la foi l’enfant que porte Marie. Le salut de Dieu est ainsi comme une réalité nouvelle qui nous surprend et nous dépasse, une réalité vivante que l'on ne peut connaître qu'en acceptant de la recevoir et de l’aimer : « Dieu avec nous ».
Mais plus que cela, en choisissant d'adopter cet enfant, Joseph reconnaît à Dieu sa place au-dessus de lui-même. Et il nous indique à l’avance que Jésus vient pour une mission inouïe : notre salut éternel.
*
Cette transformation, cette nouvelle dimension de notre vie est au-delà des mots de notre quotidien.
Autant d’expressions qui nous disent aussi que notre naissance spirituelle est quelque chose qui doit se vivre dans notre quotidien. Cette vie nouvelle ne peut entrer dans notre vie qu'à l'exemple de la naissance du Christ, Dieu venant féconder ce que nous sommes pour qu'il en naisse quelque chose de nouveau et d'éternel.
Cette présence, tout en nouveauté, de la vie divine dans le quotidien de Marie est à l'origine de la conception de l’être nouveau qu'est Jésus — qui est ainsi fils de Dieu et d’une fille des hommes.
Sans cette fécondation, nous restons stériles pour Dieu. Une vie ignorant sa portée spirituelle oublierait de manière illusoire ne serait-ce que le vieillissement inexorable de notre corps, en se réfugiant dans l'agitation. Attitude et stérile et frustrante, sans avenir.
Pour être ce que nous sommes selon l'image du Christ, nous devons naître comme lui. C'est-à-dire recevoir la présence de Dieu au cœur de notre histoire personnelle, pour que nous devenions enfant de Dieu selon notre humanité.
C’est de la sorte qu’en Jésus, Dieu accomplit le salut des enfants d’Abraham, enfants de la foi, et cela dans le concret de nos vies.
RP,
Veillée de Noël, Antibes 24.12.09
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