On sait la polémique récurrente — dont une des dernières espèces s’est levée autour de « La passion du Christ » de Mel Gibson — : « les juifs » sont-ils en cause dans la crucifixion de Jésus ? L’idée est récurrente, mais tout simplement anachronique ! Les évangiles réfèrent à une situation où il n’y pas de polémique judéo-chrétienne. Et pour cause, il n’y a pas encore de « chrétiens » ! L’ « Église chrétienne », qui naîtra plus tard, cessera d’être essentiellement juive seulement après la rédaction du Nouveau Testament.
Au temps du ministère de Jésus, il y a, dans un pays occupé par les Romains, des juifs d’obédiences diverses, souvent divergentes ; et de régions diverses. Dans ce cadre-là, un des contentieux est celui qui ressort des tensions entre Judée et Galilée ; qui qualifient souvent la tension entre les disciples juifs du juif Jésus et les courants plus « officiels » de la foi juive. Or, le même mot dans le grec du Nouveau Testament désigne à la fois les « juifs » en général et les « Judéens » en particulier (« ioudaioi »). En contexte juif palestinien, comme c’est le cas dans les évangiles, quand on veut désigner spécifiquement tel ou tel courant juif particulier, de telle ou telle obédience, géographique ou théologique, on ne peut évidemment pas l’appeler « les juifs » (encore une fois ils le sont tous : cela ne signifierait donc rien). Le terme « ioudaioi » est en revanche naturellement utilisé dans ce contexte pour désigner les Judéens, les habitants de la Judée, afin de les distinguer des Galiléens (et les Galiléens, disciples de Jésus ou pas, sont juifs comme les autres) — ou des Samaritains, de ceux de la Décapole, etc. Ce n’est que dans la diaspora que le lieu référentiel central des juifs en général, la Judée, avec Jérusalem pour capitale, en vient à prendre un sens plus global, et que « ioudaioi » reçoit la signification qu’on lui connaît.
Chaque mise en cause évangélique des « ioudaioi » se situe de fait dans le cadre des polémiques interrégionales palestiniennes, et en aucun cas dans le cadre d’une polémique entre deux religions — dont la seconde n’existe pas ! Les tensions autour de Jésus et de ses disciples sont de l’ordre des tensions avec le pouvoir : Rome ultimement, et médiatement le lieu de son pouvoir, exercé directement (Pilate) ou indirectement (les Hérodiens) ; dans les deux cas, évoquant la Judée. Ce faisant le Nouveau Testament est tout simplement dans la ligne des anciens prophètes juifs, qui n’étaient pas toujours tendres avec le centre du pouvoir. Ainsi, dans les évangiles, la mise en cause des « ioudaioi » par un groupe d’origine galiléenne est tout simplement la mise en cause du pouvoir romano-hérodien et de ses émules. Et il en est clairement de même, concernant les persécutions des chrétiens et la mort du Christ, dans la première épître aux Thessaloniciens, mise en cause à son tour par la série d’Arte sur les origines du christianisme : 1 Thess 2, 14 : « vous avez imité les Églises de Dieu qui sont en Judée, dans le Christ Jésus, puisque vous aussi avez souffert, de vos propres compatriotes, ce qu’elles ont souffert de la part des Judéens », et non pas, évidemment des juifs en général !
Au temps du ministère de Jésus, il y a, dans un pays occupé par les Romains, des juifs d’obédiences diverses, souvent divergentes ; et de régions diverses. Dans ce cadre-là, un des contentieux est celui qui ressort des tensions entre Judée et Galilée ; qui qualifient souvent la tension entre les disciples juifs du juif Jésus et les courants plus « officiels » de la foi juive. Or, le même mot dans le grec du Nouveau Testament désigne à la fois les « juifs » en général et les « Judéens » en particulier (« ioudaioi »). En contexte juif palestinien, comme c’est le cas dans les évangiles, quand on veut désigner spécifiquement tel ou tel courant juif particulier, de telle ou telle obédience, géographique ou théologique, on ne peut évidemment pas l’appeler « les juifs » (encore une fois ils le sont tous : cela ne signifierait donc rien). Le terme « ioudaioi » est en revanche naturellement utilisé dans ce contexte pour désigner les Judéens, les habitants de la Judée, afin de les distinguer des Galiléens (et les Galiléens, disciples de Jésus ou pas, sont juifs comme les autres) — ou des Samaritains, de ceux de la Décapole, etc. Ce n’est que dans la diaspora que le lieu référentiel central des juifs en général, la Judée, avec Jérusalem pour capitale, en vient à prendre un sens plus global, et que « ioudaioi » reçoit la signification qu’on lui connaît.
Chaque mise en cause évangélique des « ioudaioi » se situe de fait dans le cadre des polémiques interrégionales palestiniennes, et en aucun cas dans le cadre d’une polémique entre deux religions — dont la seconde n’existe pas ! Les tensions autour de Jésus et de ses disciples sont de l’ordre des tensions avec le pouvoir : Rome ultimement, et médiatement le lieu de son pouvoir, exercé directement (Pilate) ou indirectement (les Hérodiens) ; dans les deux cas, évoquant la Judée. Ce faisant le Nouveau Testament est tout simplement dans la ligne des anciens prophètes juifs, qui n’étaient pas toujours tendres avec le centre du pouvoir. Ainsi, dans les évangiles, la mise en cause des « ioudaioi » par un groupe d’origine galiléenne est tout simplement la mise en cause du pouvoir romano-hérodien et de ses émules. Et il en est clairement de même, concernant les persécutions des chrétiens et la mort du Christ, dans la première épître aux Thessaloniciens, mise en cause à son tour par la série d’Arte sur les origines du christianisme : 1 Thess 2, 14 : « vous avez imité les Églises de Dieu qui sont en Judée, dans le Christ Jésus, puisque vous aussi avez souffert, de vos propres compatriotes, ce qu’elles ont souffert de la part des Judéens », et non pas, évidemment des juifs en général !
R.P., d’après un article dans Échanges,
Mensuel de l’Église Réformée de France en PACCA,
Billet d’Antibes - Cagnes – Vence, mai 2004
Mensuel de l’Église Réformée de France en PACCA,
Billet d’Antibes - Cagnes – Vence, mai 2004
Aucun commentaire :
Enregistrer un commentaire