Selon la Bible, la fin du travail est de se reposer (Genèse 2:3 ; Ex 20:9-10 ; Deutéronome 5:13-14).
Dans le repos, notre travail trouve son accomplissement, s'échoue dans son aboutissement spirituel, s'ouvre sur une plénitude qui le dépasse ("viens bon et fidèle serviteur" Matthieu 25:21). Avant cet accomplissement, et en vue de cet accomplissement, le travail est "passage", transformation de la matière - et de l'acteur, de celui qui agit sur la matière ; ce qui correspond à :
— l'entretien du jardin (Genèse 2:15)
— se nourrir à la sueur de son visage (Genèse 3:19).
— l'entretien du jardin (Genèse 2:15)
— se nourrir à la sueur de son visage (Genèse 3:19).
C'est suite à cela que, selon l'Ecclésiaste, "il n'y a rien de mieux pour l'homme que de se réjouir de ses œuvres" (Ecclésiaste 3:22). C'est encore pourquoi : "tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le" (Ecclésiaste 9:10).
Ou : "il n'y a rien de bon pour l'homme que de manger et de boire, et de voir pour lui-même le bon côté de sa peine ; mais, remarque l'Ecclésiaste, j'ai vu que cela aussi vient de la main de Dieu" (Ecclésiaste 2:24). On retrouve ainsi le rapport entre le travail et le repos comme aboutissement du travail. Et finalement le repos au sens de l'Epître aux Hébreux, repos spirituel (ch.4).
C’est là ce que l'on peut dire être la situation idéale. Mais force est de constater que de cela, on n'a généralement, au mieux, que l'aspect "sueur du visage", pour obtenir son pain et celui des siens ; avec au bout un repos agité, donnant à peine la force de recommencer une activité sur laquelle pèse la vanité d'un cycle sans fin, absurde.
C'est là le constat de penseurs modernes qui se sont penchés sur la question du travail. Pour plusieurs, le travail, au lieu d'être accomplissement de soi, satisfaction consécutive à la production d'une œuvre — devient lieu d'aliénation, de perte d'identité.
Pour une raison simple : l'ouvrier est privé de sa capacité créatrice au profit d'une production anonyme et parcellaire, cela s'accentuant avec le machinisme.
Ce qui s'illustre très éloquemment par le film de Charlie Chaplin, Les temps modernes. On y voit par exemple Chaplin visser à longueur de journée le même boulon, au point que son geste devient tic et obsession : lorsqu'il sort de son travail, au moment donc de son "repos", on le voit vissant des boulons imaginaires et poursuivant les boutons des vêtements des passants devenus d'hallucinatoires boulons.
Les temps modernes dévoilent une réalité de tous les temps : vidé de sa gratification, de son investissement spirituel, du don du sens, le travail débouche sur l'absurde.
Temps modernes — ce constat n'a en outre jamais été aussi criant qu'à une époque où les temps de loisir sont, plus qu'auparavant, larges et étendus.
Plus on a de temps libre, plus on constate que notre temps libre est vide, que notre repos est chemin de mélancolie au lieu d'être porte de plénitude.
Aussi il semble inévitable d'en arriver à cet autre constat : ultimement, le travail est vidé de sens ; une telle évacuation du sens devient le moteur d'un cycle où le travail débouche non sur le repos,… mais sur le chômage, le non-travail.
Ce sombre débouché se traduit aussi d'autres façons... que l'on peut voir comme autant de symptômes de ce que ne s'offre à nous qu'un vide cosmique. On comble ce vide de palliatifs spirituels divers, comme la drogue, les spectacles, l'alcool, l'étourdissement de la danse dans les boîtes de nuit, sur les pistes de ski, voire dans les lieux de culte enthousiastes.
Que faire devant l'impasse où débouchent les économistes ?
Et s’il s’agissait alors de reconquérir le repos, investir le repos de son sens spirituel ? Faire ainsi réapparaître cette finalité du travail qui lui donnerait suffisamment de sens pour ré exister.
Face au chômage... le repos ? (Cf. ici la même réflexion plus développée)
R.P.
“Souviens-toi du jour du repos pour le sanctifier” (Deutéronome 5).
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