Psaume 110 (trad. NBS)
Illustration — Indiana Jones et la dernière croisade : trois épreuves finales (cf. l’extrait du film ci-dessous), pour accéder à la coupe du Christ et y recevoir le breuvage d’immortalité — dans le mythe, cette coupe est le Graal. La première épreuve est celle de l’humilité. Le pèlerin qui s’approche de la coupe doit s'agenouiller, sous peine d’être décapité par le souffle de la colère…
Tête ou chef, c’est le même mot. Psaume 110, 6 : rosh en hébreu, même mot. Subsiste devant le souffle du Seigneur celle, celui-là seul qui est humble et ne relève pas la tête par lui-même. Seule la source de vie la lui fera relever (v. 7).
C’est pourquoi, écrit Paul, que chacun regarde les autres comme étant au-dessus de lui-même (Philippiens 2, 3). C’est la condition du vivre ensemble qui ne fasse pas du territoire un champ de cadavres… En effet, toujours Paul, si vous vous dévorez les uns les autres, vous allez vous détruire (Galates 5, 15), sauf à vous plier devant le souffle du Seigneur.
Relecture selon le Nouveau Testament, le Seigneur du v. 6 du Psaume, à la droite du Seigneur, est le Messie, le Christ, comme d'une autre façon, Dieu est son ombre à sa droite (Ps 121, 5). D’où l’application de ce sacerdoce selon l’ordre de Melchisédek du v. 4 à Jésus.
Le nom Melchisédek, n'apparaît que deux fois dans la Bible hébraïque, dans la Genèse (Gn 14, 18), lors de l’épisode de la rencontre entre Abraham et ce roi de Salem, i.e. Jérusalem ; et, la deuxième fois, dans ce Psaume 110 (v. 4), où cette référence est appliquée au Messie selon David, roi à Jérusalem. Un sacerdoce qui n’a rien à voir avec celui du Temple, idée reprise par l'épître aux Hébreux qui précise que quant à l'institution sacerdotale du Temple, Jésus, non lévite, n’y aurait aucun statut (Hé 7, 13-14 et 8, 4). Mais, Messie royal de Juda, toujours selon la même épître, il reçoit ce titre mystérieux du Ps 110.
La figure de Melchisédek est citée 10 fois dans l’épître aux Hébreux. Tandis que le v. 1 du Psaume, “Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied !”, est abondamment cité dans le Nouveau Testament — par Matthieu, Marc, Luc, Actes, Paul, et bien sûr l’épître aux Hébreux — le verset étant appliqué à Jésus. Imagine-t-on Jésus, tel que présenté dans le Nouveau Testament, fracassant des têtes, jonchant le sol de cadavres ?! C’est donc que le Psaume a vocation, cela en accord, et avec le Nouveau Testament et avec la traduction juive, à être lu autrement…
Où l’on revient à sa signification en matière d’humilité… Le double sens des mots est une constante dans beaucoup de langues anciennes, dont l’hébreu, et aussi le grec. Pour l’hébreu, cela apparaît nettement dans ce que l’on appelle le dual. Des mots comme Jérusalem (Yerushalayim), ou la vie (haïm), sont au dual (une forme de pluriel). Des mots à double sens, matériel, historique, et un autre niveau : Jérusalem terrestre et céleste, la vie biologique et spirituelle, etc.
Cette signification autre que strictement matérielle permet de comprendre pourquoi ce Psaume est appliqué à Jésus, et pourquoi, par lui, il parle aussi pour nous. Au cœur de cela, Messie humble, le serviteur souffrant, qui se renie lui-même et qui nous appelle à faire de même (Jean 12, 25 Marc 8, 34 et parallèles etc.). Nier ce que nous pensons de nous-mêmes, jusqu’à considérer les autres comme supérieurs à nous-même, est la vie devant Dieu à laquelle nous sommes appelés pour ne nous glorifier que dans le Seigneur, qui seul relève notre tête.
Double sens permanent, dans tous les domaines, qui nous permet de lire comme prière le Cantique des Cantiques, chant qui en son sens premier apparent parle de désir concret d’amour physique, et qui au fond parle de la réalisation du commandement du Deutéronome (6, 5) : “Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force.”, le bien-aimé et la bien-aimée devenant l’un pour l'autre la présence d’un Dieu éminemment désirable là où l’apparence incontournable donne un Dieu source du bien comme du mal qui nous adviennent tour à tour, y compris un mal insupportable. Se source alors dans l’humilité l’amour de ce qui advient (amor fati, selon les termes de Nietzsche), amour de ce qui advient reçu dans la présence autre donnée dans la bien-aimée et le bien aimé…
Prière avec le texte du jour
Cantique des Cantiques 6, 4 - 7,11
(1) De David. Psaume. Déclaration du SEIGNEUR (YHWH) à mon seigneur :Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied !
(2) Le SEIGNEUR tendra de Sion le sceptre de ta puissance :
domine au milieu de tes ennemis !
(3) À toi le principat, au jour de ta puissance ;
dans l'éclat de la sainteté, du sein de l'aurore, comme la rosée je t'ai donné le jour.
(4) Le SEIGNEUR l'a juré, il ne le regrettera pas :
Tu es prêtre pour toujours, à la manière de Malki-Tsédeq.
(5) Le Seigneur est à ta droite, il écrase des rois le jour de sa colère.
(6) Il rendra justice parmi les nations (dans un pays) rempli de cadavres ;
il fracasse la tête sur tout le territoire. [v. 6 : trad. S. Cahen]
(7) En chemin il boit au torrent : c'est pourquoi il relève la tête.
*
Illustration — Indiana Jones et la dernière croisade : trois épreuves finales (cf. l’extrait du film ci-dessous), pour accéder à la coupe du Christ et y recevoir le breuvage d’immortalité — dans le mythe, cette coupe est le Graal. La première épreuve est celle de l’humilité. Le pèlerin qui s’approche de la coupe doit s'agenouiller, sous peine d’être décapité par le souffle de la colère…
Tête ou chef, c’est le même mot. Psaume 110, 6 : rosh en hébreu, même mot. Subsiste devant le souffle du Seigneur celle, celui-là seul qui est humble et ne relève pas la tête par lui-même. Seule la source de vie la lui fera relever (v. 7).
C’est pourquoi, écrit Paul, que chacun regarde les autres comme étant au-dessus de lui-même (Philippiens 2, 3). C’est la condition du vivre ensemble qui ne fasse pas du territoire un champ de cadavres… En effet, toujours Paul, si vous vous dévorez les uns les autres, vous allez vous détruire (Galates 5, 15), sauf à vous plier devant le souffle du Seigneur.
Relecture selon le Nouveau Testament, le Seigneur du v. 6 du Psaume, à la droite du Seigneur, est le Messie, le Christ, comme d'une autre façon, Dieu est son ombre à sa droite (Ps 121, 5). D’où l’application de ce sacerdoce selon l’ordre de Melchisédek du v. 4 à Jésus.
Le nom Melchisédek, n'apparaît que deux fois dans la Bible hébraïque, dans la Genèse (Gn 14, 18), lors de l’épisode de la rencontre entre Abraham et ce roi de Salem, i.e. Jérusalem ; et, la deuxième fois, dans ce Psaume 110 (v. 4), où cette référence est appliquée au Messie selon David, roi à Jérusalem. Un sacerdoce qui n’a rien à voir avec celui du Temple, idée reprise par l'épître aux Hébreux qui précise que quant à l'institution sacerdotale du Temple, Jésus, non lévite, n’y aurait aucun statut (Hé 7, 13-14 et 8, 4). Mais, Messie royal de Juda, toujours selon la même épître, il reçoit ce titre mystérieux du Ps 110.
La figure de Melchisédek est citée 10 fois dans l’épître aux Hébreux. Tandis que le v. 1 du Psaume, “Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied !”, est abondamment cité dans le Nouveau Testament — par Matthieu, Marc, Luc, Actes, Paul, et bien sûr l’épître aux Hébreux — le verset étant appliqué à Jésus. Imagine-t-on Jésus, tel que présenté dans le Nouveau Testament, fracassant des têtes, jonchant le sol de cadavres ?! C’est donc que le Psaume a vocation, cela en accord, et avec le Nouveau Testament et avec la traduction juive, à être lu autrement…
Où l’on revient à sa signification en matière d’humilité… Le double sens des mots est une constante dans beaucoup de langues anciennes, dont l’hébreu, et aussi le grec. Pour l’hébreu, cela apparaît nettement dans ce que l’on appelle le dual. Des mots comme Jérusalem (Yerushalayim), ou la vie (haïm), sont au dual (une forme de pluriel). Des mots à double sens, matériel, historique, et un autre niveau : Jérusalem terrestre et céleste, la vie biologique et spirituelle, etc.
Cette signification autre que strictement matérielle permet de comprendre pourquoi ce Psaume est appliqué à Jésus, et pourquoi, par lui, il parle aussi pour nous. Au cœur de cela, Messie humble, le serviteur souffrant, qui se renie lui-même et qui nous appelle à faire de même (Jean 12, 25 Marc 8, 34 et parallèles etc.). Nier ce que nous pensons de nous-mêmes, jusqu’à considérer les autres comme supérieurs à nous-même, est la vie devant Dieu à laquelle nous sommes appelés pour ne nous glorifier que dans le Seigneur, qui seul relève notre tête.
Double sens permanent, dans tous les domaines, qui nous permet de lire comme prière le Cantique des Cantiques, chant qui en son sens premier apparent parle de désir concret d’amour physique, et qui au fond parle de la réalisation du commandement du Deutéronome (6, 5) : “Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force.”, le bien-aimé et la bien-aimée devenant l’un pour l'autre la présence d’un Dieu éminemment désirable là où l’apparence incontournable donne un Dieu source du bien comme du mal qui nous adviennent tour à tour, y compris un mal insupportable. Se source alors dans l’humilité l’amour de ce qui advient (amor fati, selon les termes de Nietzsche), amour de ce qui advient reçu dans la présence autre donnée dans la bien-aimée et le bien aimé…
Prière avec le texte du jour
Cantique des Cantiques 6, 4 - 7,11
6 (4) Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, harmonieuse comme Jérusalem, terrible comme des troupes sous leurs bannières.
(5) Détourne de moi tes yeux, car ils me troublent.
[…]
(10) Qui est celle qui apparaît comme l’aurore, belle comme la lune, pure comme le soleil, mais terrible comme des troupes sous leurs bannières ? —
(11) Je suis descendue au jardin des noyers, pour voir la verdure de la vallée, pour voir si la vigne pousse, si les grenadiers fleurissent.
7 (1) Tourne-toi, tourne-toi, Shoulamite ! Tourne-toi, laisse-toi contempler ! Laisse-toi contempler, royale Shoulamite, rythmant en contredanse
(2) la beauté de tes pas en chausses de princesse !
Aux courbes de tes cuisses, un joyau façonné au doigté d'un orfèvre
(3) est au bas de ton ventre une coupe en croissant de lune où le vin parfumé ne saurait pas manquer !
— ton ventre, un mont de blé que parsèment des lys…
(4) Et tes seins, tels deux faons, jumeaux d’une gazelle,
(5) et le port de ton cou, une tour en ivoire ! Tes yeux, aussi profonds que les lacs de Heshbon, portes de Bath-Rabbim, luisent en ton visage, une tour du Liban qui guette vers Damas.
(6) Couronne de ta tête — altière : un mont Carmel ! —, tes nattes empourprées ont capturé un roi, enchaîné à leurs flots !
(7) Splendeur, ma toute belle, mon amour, mes délices !
(8) Dressée comme un palmier ! tes seins en sont les fruits.
(9) J'ai rêvé mes mains remontant le palmier pour en saisir les fruits, tes seins, "ces grappes de ma vigne" ; le parfum de tes effluves, leur arôme de pommes
(10) m'enivrant de ta saveur comme du meilleur vin…
… Il se répand pour mon bien-aimé, coulant suavement entre ses lèvres ensommeillées.
(11) Je suis à mon bien-aimé et c'est moi qu'il désire.
RP, méditation cp Châtellerault, texte du jour 22.04.23