« Proclamer les hauts faits de Dieu » (1 Pierre 2),
devenir « sel et lumière de la terre » (Matt. 5).
Ésaïe 55,1-3 ; Psaumes 145,8-9.15-16.17-18 ; 1 Pierre 2,9-10 ; Matthieu 5,1-16
Matthieu 5, 13-16
« Proclamer les hauts faits de Dieu ». Mais comment ? « Que votre lumière brille devant les humains afin qu’ils voient vos œuvres bonnes ». Bien, Mais quid du rapport entre cette parole de Jésus et celle qu’il donne quelques versets plus loin (ch. 6, v. 1 sq.) : « gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus » ?
Dans l’une, Jésus invite ses disciples au secret ! « Gardez-vous de pratiquer votre justice pour être vus » — dans l'autre : « Que votre lumière brille devant tous »… Y aurait-il contradiction ? En fait, il faut plutôt voir que les deux paroles s'expliquent l'une par l'autre.
Dans les deux cas Jésus invite à prendre au sérieux le message de la Bible. En commençant par ce que dit le Psaume 119, v. 11 : « Je serre ta promesse / ta parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi ». Et alors seulement ce qu’il attend de nous se produira, et se verra, sans qu’on le sache ou qu’on le veuille.
Autrement dit, il ne s’agit pas de faire voir une pratique religieuse particulière, qui au fond ne change rien à la situation du monde. Là s'explique la question du sel qui perd sa saveur, en fait qui est « devenu fou », dans le texte grec — et la question de la lampe cachée.
La lampe et le sel sont deux illustrations que donne Jésus pour expliquer ce qu’il veut dire : une lampe est faite pour éclairer. Le sel pour empêcher la corruption, la décomposition (en un temps où on ne pratique pas la réfrigération) et pour donner du goût…
Une lampe est faite pour éclairer, la chose est claire. On ne la cache pas. Et la lumière vient de l’intérieur du dispositif de la lampe. Comme la lumière de la parole de Dieu rayonne depuis le cœur qui la reçoit : « Je serre ta parole dans mon cœur ».
Quant au sel, il ne sert pas s’il est « devenu fou », littéralement : qu’est-ce à dire ? — « devenu fou » ? Je vois une seule façon pour le sel de « devenir fou » : se prendre pour une fin en soi. Cela peut se faire de deux façons : soit le sel s’imagine qu’il est le plat à lui tout seul, la chose la plus importante, et que du coup, pour ne pas perdre le goût, il faut en mettre beaucoup (ce qui, en fait, gâte le plat), soit s’imaginant toujours qu’il est une fin en soi, il s’imagine qu’il n’a qu’à rester dans la salière pour servir par exemple, tout seul, à être goûté en entrée ou au dessert…
Dans les deux cas le sel est devenu fou parce qu’il se prend pour autre chose que du sel. Il n’a pas perdu de goût au sens littéral comme on pourrait le penser un peu vite (le sel ne perd pas son goût !). Mais il s’est... pris la tête dans la salière.
En fait le sel est peu de chose (et à l’époque en Israël, il ne coûtait pas très cher — pensez : la mer morte est à côté), mais il a une fonction bien précise : assaisonner le reste de la nourriture : c’est tout et c’est essentiel, outre son usage anti-corruption, anti-décomposition. C’est le rôle de Jérusalem, c’est le rôle des disciples, notre rôle si nous avons entendu cet appel. Et c’est de la sorte que nous serons lumière du monde. C’est ainsi que le rôle de Jérusalem, ville sur la montagne, ou bien de l’Église, est d'être comme un grain de sel dans les rouages du monde, qui tourne trop bien, mais de travers.
Le contexte de cette célébration, qui nous est rappelé, donné comme aspect du thème — le drame des réfugiés, donne alors tout un sens actuel au sel empêchant le monde de se décomposer…
Il est ici question de vivre la foi, il est question d’une nourriture de l'être intérieur par les exigences d'une Loi divine qui dérange visiblement — et point d'une pratique qui s’affiche et dont personne n'a que faire ; où tout semble aller bien, où personne ne dérange. Où chacun se fait remarquer au plus par telle ou telle pratique traditionnelle. Oui, tout le monde a certes bien repéré qui est qui. Mais ce n’est pas là ce que Jésus nous demande ici.
Vous, dit-il « gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus » — de sorte que votre lumière, dont vous n'êtes pas la source, brille devant tous.
Il attend simplement de nous que nous écoutions sa Parole, ses commandements, ses promesses, pour que l’image du Christ, la Lumière du monde et le sel de la terre, apparaisse en nous, qu’une vraie différence se fasse jour.
Le disciple du Christ ne se différencie pas par ses rites ou pratiques diverses — Jésus avait les mêmes que tout un chacun en Israël de son temps —, il se différencie par son écoute de la Parole de Dieu et tout ce qui en découle. « Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. »
devenir « sel et lumière de la terre » (Matt. 5).
Ésaïe 55,1-3 ; Psaumes 145,8-9.15-16.17-18 ; 1 Pierre 2,9-10 ; Matthieu 5,1-16
Matthieu 5, 13-16
13 « Vous êtes le sel de la terre. Si le sel perd sa saveur, comment redeviendra-t-il du sel ? Il ne vaut plus rien; on le jette dehors et il est foulé aux pieds par les hommes.
14 « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une hauteur ne peut être cachée.
15 Quand on allume une lampe, ce n’est pas pour la mettre sous le boisseau, mais sur son support, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison.
16 De même, que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. »
*
« Proclamer les hauts faits de Dieu ». Mais comment ? « Que votre lumière brille devant les humains afin qu’ils voient vos œuvres bonnes ». Bien, Mais quid du rapport entre cette parole de Jésus et celle qu’il donne quelques versets plus loin (ch. 6, v. 1 sq.) : « gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus » ?
Dans l’une, Jésus invite ses disciples au secret ! « Gardez-vous de pratiquer votre justice pour être vus » — dans l'autre : « Que votre lumière brille devant tous »… Y aurait-il contradiction ? En fait, il faut plutôt voir que les deux paroles s'expliquent l'une par l'autre.
Dans les deux cas Jésus invite à prendre au sérieux le message de la Bible. En commençant par ce que dit le Psaume 119, v. 11 : « Je serre ta promesse / ta parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi ». Et alors seulement ce qu’il attend de nous se produira, et se verra, sans qu’on le sache ou qu’on le veuille.
Autrement dit, il ne s’agit pas de faire voir une pratique religieuse particulière, qui au fond ne change rien à la situation du monde. Là s'explique la question du sel qui perd sa saveur, en fait qui est « devenu fou », dans le texte grec — et la question de la lampe cachée.
La lampe et le sel sont deux illustrations que donne Jésus pour expliquer ce qu’il veut dire : une lampe est faite pour éclairer. Le sel pour empêcher la corruption, la décomposition (en un temps où on ne pratique pas la réfrigération) et pour donner du goût…
Une lampe est faite pour éclairer, la chose est claire. On ne la cache pas. Et la lumière vient de l’intérieur du dispositif de la lampe. Comme la lumière de la parole de Dieu rayonne depuis le cœur qui la reçoit : « Je serre ta parole dans mon cœur ».
Quant au sel, il ne sert pas s’il est « devenu fou », littéralement : qu’est-ce à dire ? — « devenu fou » ? Je vois une seule façon pour le sel de « devenir fou » : se prendre pour une fin en soi. Cela peut se faire de deux façons : soit le sel s’imagine qu’il est le plat à lui tout seul, la chose la plus importante, et que du coup, pour ne pas perdre le goût, il faut en mettre beaucoup (ce qui, en fait, gâte le plat), soit s’imaginant toujours qu’il est une fin en soi, il s’imagine qu’il n’a qu’à rester dans la salière pour servir par exemple, tout seul, à être goûté en entrée ou au dessert…
Dans les deux cas le sel est devenu fou parce qu’il se prend pour autre chose que du sel. Il n’a pas perdu de goût au sens littéral comme on pourrait le penser un peu vite (le sel ne perd pas son goût !). Mais il s’est... pris la tête dans la salière.
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En fait le sel est peu de chose (et à l’époque en Israël, il ne coûtait pas très cher — pensez : la mer morte est à côté), mais il a une fonction bien précise : assaisonner le reste de la nourriture : c’est tout et c’est essentiel, outre son usage anti-corruption, anti-décomposition. C’est le rôle de Jérusalem, c’est le rôle des disciples, notre rôle si nous avons entendu cet appel. Et c’est de la sorte que nous serons lumière du monde. C’est ainsi que le rôle de Jérusalem, ville sur la montagne, ou bien de l’Église, est d'être comme un grain de sel dans les rouages du monde, qui tourne trop bien, mais de travers.
Le contexte de cette célébration, qui nous est rappelé, donné comme aspect du thème — le drame des réfugiés, donne alors tout un sens actuel au sel empêchant le monde de se décomposer…
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Il est ici question de vivre la foi, il est question d’une nourriture de l'être intérieur par les exigences d'une Loi divine qui dérange visiblement — et point d'une pratique qui s’affiche et dont personne n'a que faire ; où tout semble aller bien, où personne ne dérange. Où chacun se fait remarquer au plus par telle ou telle pratique traditionnelle. Oui, tout le monde a certes bien repéré qui est qui. Mais ce n’est pas là ce que Jésus nous demande ici.
Vous, dit-il « gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus » — de sorte que votre lumière, dont vous n'êtes pas la source, brille devant tous.
Il attend simplement de nous que nous écoutions sa Parole, ses commandements, ses promesses, pour que l’image du Christ, la Lumière du monde et le sel de la terre, apparaisse en nous, qu’une vraie différence se fasse jour.
Le disciple du Christ ne se différencie pas par ses rites ou pratiques diverses — Jésus avait les mêmes que tout un chacun en Israël de son temps —, il se différencie par son écoute de la Parole de Dieu et tout ce qui en découle. « Que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux. »
RP, Poitiers, célébration œcuménique, semaine de l'Unité, 23.01.16
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