L’invitation dont vous m’honorez en m’offrant d’intervenir pour cette commémoration pourrait surprendre : solliciter une lecture protestante d’un événement qui semble plutôt concerner catholiques et juifs pourrait paraître incongru ; et c’est pourtant juste, non pas tant parce que, on va le voir, des protestants ont joué un rôle dans l’événement, que parce qu’il est toujours juste de considérer qu’on n’est pas propriétaires exclusifs de ce qui relève du patrimoine de l’humanité. Pas besoin d’être juif ou chrétien pour développer une lecture pertinente des textes bibliques, musulman pour réfléchir à l’héritage issu du Coran, bouddhiste, hindou, africain, ou encore grec de l’Antiquité, pour s’intéresser aux sagesses et richesses philosophiques de ces héritages.
Chose concernant toute l’humanité, l’historien que Jean XXIII reçoit le 13 juin 1960, Jules Isaac, a mis à jour l’une des racines principales du racisme, considérant concrètement le racisme antisémite : ce qu’il a nommé « l’enseignement du mépris » dont il trouve des racines, concernant l’antisémitisme en Europe, dans la tradition chrétienne.
Jules Isaac en est témoin auprès du pape, après l’avoir déjà été auprès du christianisme de France et avant de l’être de façon encore plus large. Il a fait toucher du doigt à la conscience chrétienne occidentale - et élargi à l’espace du monde - l’effet d’une réalité incontournable : le mépris (« le racisme, c’est quand ça ne compte pas », dira Romain Gary). Jusqu’au milieu du XXe siècle (mais cela, même atténué, n’a pas toujours disparu de nos jours, loin s’en faut), le mépris dont parle Jules Isaac affleure hélas à peu près partout dans l’enseignement chrétien, et pas uniquement chrétien. L’urgence reste actuelle de percevoir ce qui est au cœur de ce mépris.
Quant à la commémoration qui nous occupe précisément aujourd’hui, les choses ont commencé concrètement quinze ans avant dans l’œuvre de Jules Isaac, par sa lecture scandalisée du livre à succès de Henri Daniel-Rops, Jésus en son temps, publié chez Fayard en 1945, ayant reçu nihil obstat du célèbre exégète jésuite Joseph Huby et imprimatur du vicaire général Mgr Leclerc le 17 avril 1944 - dates marquant une troublante inconscience de ce qui vient alors de se passer en Europe…
Jules Isaac entreprend de répondre à ce livre par une lettre restée sans réponse, devenue donc lettre ouverte, refusée par la revue Esprit. Suivent une série d'articles, publiés dans le premier Cahier d’études juives de la revue Foi et vie dirigée par le pasteur Fadiey Lovsky, et dans la Revue du christianisme social, dirigée par le pasteur Jacques Martin. Moment catalyseur d’un travail déjà commencé auparavant par l’historien sur les liens entre la tradition chrétienne et l’antisémitisme. Le succès public du livre de Daniel-Rops a rendu urgente, aux yeux de Jules Isaac, cette démarche qu’il a déjà entreprise : son travail de recherche aboutira à la rédaction de son œuvre maîtresse : Jésus et Israël. Le livre, commencé dès 1943, est achevé dès 1946, mais, refusé par Hachette, il ne paraît qu’en 1948, grâce à l’aide que lui a apportée le pasteur Charles Westphal, alors vice-président de la Fédération Protestante de France, qui l’introduit chez Albin Michel. (Cf. Carol Iancu, « Les réactions des milieux chrétiens face à Jules Isaac », dans Revue d’Histoire de la Shoah 2010/1 n° 192, p. 157-193 et Patrick Cabanel, Juifs et protestants en France, les affinités électives, Fayard, p. 284 sq.)
Toujours dans la Revue du christianisme social, le pasteur Jean-Jacques Bovet s’adresse à Jules Isaac, disant de son livre : « l'essentiel s’y trouve de ce qui doit être répondu aux innombrables Daniel-Rops qui sommeillent (ou qui veillent !), - avec souvent une merveilleuse bonne conscience, - dans chacune de nos Églises… Ce n’est pas pour en dire plus que vous, que j’écris cet article : c’est pour qu’une voix chrétienne vienne s’unir à la vôtre, dans le même cri de douleur et d’authentique piété… Dans une confession ou l’autre, nous appartenons, chrétiens, à une Église dont il est malheureusement légitime de dire qu’elle a fourni jadis à l’antisémitisme des excitants hideux et efficaces. »
En cette année 1948 qui voit paraître son livre, Jules Isaac fonde aussi l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, avec Edmond Fleg et les mêmes Jacques Martin et Fadiey Lovsky, qui initie la commission protestante des relations avec le judaïsme - parmi d'autres fondateurs juifs et chrétiens. C’est donc un peu moins de quinze ans après, le 13 juin 1960, que Jules Isaac obtient du pape Jean XXIII que la question des rapports entre l'Église catholique et Israël soit mise à l’ordre du jour du Concile de Vatican II.
L’invitation dont vous m’honorez est en dette, je pense, à ces pasteurs que j’ai évoqués. Sans négliger toutefois que côté protestant aussi, on trouve - le pasteur Bovet l’a rappelé - des traces prégnantes du mépris qui sommeille, ou qui veille, voilà quand même un nombre significatif, et non-exhaustif, de protestants qui ont contribué à ce qui deviendra la démarche d’un historien de confession juive auprès d’un pape…
Mais remontons quelques siècles… « L’Alliance faite avec les Pères anciens est si semblable à la nôtre, qu’on la peut dire une même avec elle. Seulement elle diffère en l’ordre d’être dispensée », écrit Calvin (Institution de la religion chrétienne, II, X, 2). En clair, au XVIe siècle, le Réformateur soutient que l’Alliance du Sinaï, l’Alliance juive donc, est, au fond, la même que celle des chrétiens. Les rites diffèrent, l'Alliance est commune : elle n’est donc pas abrogée. Si Calvin lui-même n’en tire pas dès son époque toutes les conséquences, et longtemps ses successeurs non plus, voilà une conviction propre à être opposée à l’enseignement du mépris.
C’est ainsi qu’un observateur catholique a pu écrire : « Il n’est pas anodin de relever le fait que lors de son voyage à Mayence en 1980, le pape Jean-Paul II a provoqué la surprise en citant pratiquement Calvin : “l’alliance avec Israël n'a jamais été révoquée par Dieu !” » C’est l’Abbé Alain-René Arbez (alors responsable catholique des relations avec le judaïsme en Suisse) qui écrit cela, le 8 février 2009 (in « Calvin, théologien de l’Alliance », Un écho d’Israël).
Or l’idée inverse, à savoir que l’Alliance avec Israël ait pu être révoquée, est précisément le nœud de l'enseignement du mépris. Cette idée se traduit de diverses façons, depuis l’affirmation que l'Église aurait été substituée à Israël, jusqu’à celle, qui se veut plus nuancée (mais ça revient au même), qui voudrait que l'alliance chrétienne accomplisse celle du Sinaï, ou la dépasse. L'idée de fond, des plus redoutables, est que Dieu abrogerait ce qu’il a pu dire auparavant !
C’est ce point qui est insupportable à Calvin, pour qui Dieu ne peut se renier lui-même (cf. 2 Ti 2, 13 : « si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même »). Quel est en effet ce Dieu qui abrogerait ce qu’il a promulgué ? Quelle serait sa fiabilité ? Qu’est-ce qui garantirait, dès lors, qu’il n’irait pas abroger ce que les chrétiens tiennent pour nouvelle alliance éternelle ? Une telle idée, qui est derrière la théologie du changement d’alliance, implique de ne tolérer que de façon au fond méprisante ce qui est réputé caduc ; et en outre de ne pas tolérer ce qui, ultérieur, est perçu comme hérésie ou schisme - voué donc à la persécution, car cela remet en question l’affirmation que la foi remplaçante est, elle seule, inabrogeable.
Cette tolérance méprisante de ce qui est réputé caduc est le fruit de la conviction, longtemps partagée par les chrétiens de toutes confessions, que Calvin a commencé à mettre en question en affirmant que l’Alliance est inabrogeable.
C’est cette idée de dépassement qui est au cœur de ce que Jules Isaac a appelé l'enseignement du mépris : idée reprise, hélas, par la modernité dans les philosophies du dépassement, et hélas aussi, par l’islam, ayant mis en place une théorie de l’abrogation des textes antérieurs et de la tolérance de ceux dont l’Alliance est ainsi censée avoir été dépassée, les juifs et les chrétiens - ces derniers organisant pour leur part en chrétienté la tolérance des juifs.
Parfaitement ambiguë (puisqu’on tolère ce qui n’est au fond qu'imparfait), c’est cette façon de tolérance, pouvant certes inclure protection, mais protection toujours à la merci des protecteurs, qui a été remise en question dès les révolutions modernes, dites puritaines, d’inspiration en bonne part calvinienne, dans les pays anglo-saxons, puis par la Révolution française, quand, contre la tolérance, le pasteur Rabaut Saint-Étienne, présidant l’Assemblée constituante de 1789, réclamait en France, pour les protestants et les juifs, la liberté et pas seulement la tolérance. Là où l’on doit la liberté, la tolérance est une faute.
Les faits montrent que partout, en chrétienté, en islam ou en modernité, où il n’y a que tolérance (à commencer, pour la France, par Voltaire), avec théorie du dépassement (ou corrélativement théorie de l’indépassable de ce qui règne, ce qui viendrait après étant suspect comme ce qui est venu avant), il ne peut y avoir de liberté entière, de dignité pleine ou de souveraineté. Il ne peut y avoir, au mieux, que condescendance, ou, si les « protégés » ne se soumettent pas à leur propre mépris, à leur propre dépassement, à leur propre abrogation, il ne peut y avoir que persécution, expulsions et exil (pensons déjà aux Pères de l'Église, ou à Luther), et au comble, pour l’Europe moderne, volonté d'extermination d’un judaïsme finalement racisé. Idée de dépassement ou taxation d’hérésie sont les prétextes constants des persécutions et des génocides, ce jusqu'à aujourd'hui (avec, dernier avéré, celui des Yézidis) !
C’est le refus de ce mépris que Jules Isaac a permis d’ouvrir au cœur de l'institution catholique, au jour, que nous commémorons aujourd'hui, où un évêque de Rome a su entendre son interpellation.
Chose concernant toute l’humanité, l’historien que Jean XXIII reçoit le 13 juin 1960, Jules Isaac, a mis à jour l’une des racines principales du racisme, considérant concrètement le racisme antisémite : ce qu’il a nommé « l’enseignement du mépris » dont il trouve des racines, concernant l’antisémitisme en Europe, dans la tradition chrétienne.
Jules Isaac en est témoin auprès du pape, après l’avoir déjà été auprès du christianisme de France et avant de l’être de façon encore plus large. Il a fait toucher du doigt à la conscience chrétienne occidentale - et élargi à l’espace du monde - l’effet d’une réalité incontournable : le mépris (« le racisme, c’est quand ça ne compte pas », dira Romain Gary). Jusqu’au milieu du XXe siècle (mais cela, même atténué, n’a pas toujours disparu de nos jours, loin s’en faut), le mépris dont parle Jules Isaac affleure hélas à peu près partout dans l’enseignement chrétien, et pas uniquement chrétien. L’urgence reste actuelle de percevoir ce qui est au cœur de ce mépris.
Quant à la commémoration qui nous occupe précisément aujourd’hui, les choses ont commencé concrètement quinze ans avant dans l’œuvre de Jules Isaac, par sa lecture scandalisée du livre à succès de Henri Daniel-Rops, Jésus en son temps, publié chez Fayard en 1945, ayant reçu nihil obstat du célèbre exégète jésuite Joseph Huby et imprimatur du vicaire général Mgr Leclerc le 17 avril 1944 - dates marquant une troublante inconscience de ce qui vient alors de se passer en Europe…
Jules Isaac entreprend de répondre à ce livre par une lettre restée sans réponse, devenue donc lettre ouverte, refusée par la revue Esprit. Suivent une série d'articles, publiés dans le premier Cahier d’études juives de la revue Foi et vie dirigée par le pasteur Fadiey Lovsky, et dans la Revue du christianisme social, dirigée par le pasteur Jacques Martin. Moment catalyseur d’un travail déjà commencé auparavant par l’historien sur les liens entre la tradition chrétienne et l’antisémitisme. Le succès public du livre de Daniel-Rops a rendu urgente, aux yeux de Jules Isaac, cette démarche qu’il a déjà entreprise : son travail de recherche aboutira à la rédaction de son œuvre maîtresse : Jésus et Israël. Le livre, commencé dès 1943, est achevé dès 1946, mais, refusé par Hachette, il ne paraît qu’en 1948, grâce à l’aide que lui a apportée le pasteur Charles Westphal, alors vice-président de la Fédération Protestante de France, qui l’introduit chez Albin Michel. (Cf. Carol Iancu, « Les réactions des milieux chrétiens face à Jules Isaac », dans Revue d’Histoire de la Shoah 2010/1 n° 192, p. 157-193 et Patrick Cabanel, Juifs et protestants en France, les affinités électives, Fayard, p. 284 sq.)
Toujours dans la Revue du christianisme social, le pasteur Jean-Jacques Bovet s’adresse à Jules Isaac, disant de son livre : « l'essentiel s’y trouve de ce qui doit être répondu aux innombrables Daniel-Rops qui sommeillent (ou qui veillent !), - avec souvent une merveilleuse bonne conscience, - dans chacune de nos Églises… Ce n’est pas pour en dire plus que vous, que j’écris cet article : c’est pour qu’une voix chrétienne vienne s’unir à la vôtre, dans le même cri de douleur et d’authentique piété… Dans une confession ou l’autre, nous appartenons, chrétiens, à une Église dont il est malheureusement légitime de dire qu’elle a fourni jadis à l’antisémitisme des excitants hideux et efficaces. »
En cette année 1948 qui voit paraître son livre, Jules Isaac fonde aussi l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, avec Edmond Fleg et les mêmes Jacques Martin et Fadiey Lovsky, qui initie la commission protestante des relations avec le judaïsme - parmi d'autres fondateurs juifs et chrétiens. C’est donc un peu moins de quinze ans après, le 13 juin 1960, que Jules Isaac obtient du pape Jean XXIII que la question des rapports entre l'Église catholique et Israël soit mise à l’ordre du jour du Concile de Vatican II.
L’invitation dont vous m’honorez est en dette, je pense, à ces pasteurs que j’ai évoqués. Sans négliger toutefois que côté protestant aussi, on trouve - le pasteur Bovet l’a rappelé - des traces prégnantes du mépris qui sommeille, ou qui veille, voilà quand même un nombre significatif, et non-exhaustif, de protestants qui ont contribué à ce qui deviendra la démarche d’un historien de confession juive auprès d’un pape…
Mais remontons quelques siècles… « L’Alliance faite avec les Pères anciens est si semblable à la nôtre, qu’on la peut dire une même avec elle. Seulement elle diffère en l’ordre d’être dispensée », écrit Calvin (Institution de la religion chrétienne, II, X, 2). En clair, au XVIe siècle, le Réformateur soutient que l’Alliance du Sinaï, l’Alliance juive donc, est, au fond, la même que celle des chrétiens. Les rites diffèrent, l'Alliance est commune : elle n’est donc pas abrogée. Si Calvin lui-même n’en tire pas dès son époque toutes les conséquences, et longtemps ses successeurs non plus, voilà une conviction propre à être opposée à l’enseignement du mépris.
C’est ainsi qu’un observateur catholique a pu écrire : « Il n’est pas anodin de relever le fait que lors de son voyage à Mayence en 1980, le pape Jean-Paul II a provoqué la surprise en citant pratiquement Calvin : “l’alliance avec Israël n'a jamais été révoquée par Dieu !” » C’est l’Abbé Alain-René Arbez (alors responsable catholique des relations avec le judaïsme en Suisse) qui écrit cela, le 8 février 2009 (in « Calvin, théologien de l’Alliance », Un écho d’Israël).
Or l’idée inverse, à savoir que l’Alliance avec Israël ait pu être révoquée, est précisément le nœud de l'enseignement du mépris. Cette idée se traduit de diverses façons, depuis l’affirmation que l'Église aurait été substituée à Israël, jusqu’à celle, qui se veut plus nuancée (mais ça revient au même), qui voudrait que l'alliance chrétienne accomplisse celle du Sinaï, ou la dépasse. L'idée de fond, des plus redoutables, est que Dieu abrogerait ce qu’il a pu dire auparavant !
C’est ce point qui est insupportable à Calvin, pour qui Dieu ne peut se renier lui-même (cf. 2 Ti 2, 13 : « si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même »). Quel est en effet ce Dieu qui abrogerait ce qu’il a promulgué ? Quelle serait sa fiabilité ? Qu’est-ce qui garantirait, dès lors, qu’il n’irait pas abroger ce que les chrétiens tiennent pour nouvelle alliance éternelle ? Une telle idée, qui est derrière la théologie du changement d’alliance, implique de ne tolérer que de façon au fond méprisante ce qui est réputé caduc ; et en outre de ne pas tolérer ce qui, ultérieur, est perçu comme hérésie ou schisme - voué donc à la persécution, car cela remet en question l’affirmation que la foi remplaçante est, elle seule, inabrogeable.
Cette tolérance méprisante de ce qui est réputé caduc est le fruit de la conviction, longtemps partagée par les chrétiens de toutes confessions, que Calvin a commencé à mettre en question en affirmant que l’Alliance est inabrogeable.
C’est cette idée de dépassement qui est au cœur de ce que Jules Isaac a appelé l'enseignement du mépris : idée reprise, hélas, par la modernité dans les philosophies du dépassement, et hélas aussi, par l’islam, ayant mis en place une théorie de l’abrogation des textes antérieurs et de la tolérance de ceux dont l’Alliance est ainsi censée avoir été dépassée, les juifs et les chrétiens - ces derniers organisant pour leur part en chrétienté la tolérance des juifs.
Parfaitement ambiguë (puisqu’on tolère ce qui n’est au fond qu'imparfait), c’est cette façon de tolérance, pouvant certes inclure protection, mais protection toujours à la merci des protecteurs, qui a été remise en question dès les révolutions modernes, dites puritaines, d’inspiration en bonne part calvinienne, dans les pays anglo-saxons, puis par la Révolution française, quand, contre la tolérance, le pasteur Rabaut Saint-Étienne, présidant l’Assemblée constituante de 1789, réclamait en France, pour les protestants et les juifs, la liberté et pas seulement la tolérance. Là où l’on doit la liberté, la tolérance est une faute.
Les faits montrent que partout, en chrétienté, en islam ou en modernité, où il n’y a que tolérance (à commencer, pour la France, par Voltaire), avec théorie du dépassement (ou corrélativement théorie de l’indépassable de ce qui règne, ce qui viendrait après étant suspect comme ce qui est venu avant), il ne peut y avoir de liberté entière, de dignité pleine ou de souveraineté. Il ne peut y avoir, au mieux, que condescendance, ou, si les « protégés » ne se soumettent pas à leur propre mépris, à leur propre dépassement, à leur propre abrogation, il ne peut y avoir que persécution, expulsions et exil (pensons déjà aux Pères de l'Église, ou à Luther), et au comble, pour l’Europe moderne, volonté d'extermination d’un judaïsme finalement racisé. Idée de dépassement ou taxation d’hérésie sont les prétextes constants des persécutions et des génocides, ce jusqu'à aujourd'hui (avec, dernier avéré, celui des Yézidis) !
C’est le refus de ce mépris que Jules Isaac a permis d’ouvrir au cœur de l'institution catholique, au jour, que nous commémorons aujourd'hui, où un évêque de Rome a su entendre son interpellation.
RP, AJC Poitiers, 13 juin 2021
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Colloque Jules Isaac - Jean XXIII — Un historien juif et un pape se rencontrent
(Enregistrement vidéo du colloque)
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