Le thème de notre table ronde, « Religions et pardon », induit une question : sous quel angle ? On peut se demander : de quelle leçon sommes-nous détenteurs en matière de pardon ? On peut aussi se demander : qu'avons-nous comme religions à nous faire pardonner ? Avec ce lien entre les deux questions : et si ce que nous avons à nous faire pardonner était précisément de nous être posés en donneurs de leçons, d'avoir prétendu chacun être au bénéfice de cette supériorité qui consiste à être au bénéfice d'une révélation voulue meilleure ou supérieure ? En la matière nous avons sans doute tous à faire amende honorable.
Une citation concernant le christianisme protestant puisque c'est à son titre qu'il m'est demandé d'intervenir. C'est à propos du judaïsme : « Les Églises, en tant qu'institutions, et les chrétiens, en tant qu'individus, ont un lourd passif vis-à-vis du judaïsme. Mais les déclarations récentes montrent que l'antijudaïsme théologique, séculaire, n'a plus droit de cité dans les grandes Églises protestantes [l'article cité parlant donc des relations judéo-protestantes]. Ces déclarations [… montrent] aussi [… qu'il est possible de] se repentir, [de] reconnaître ses torts devant Dieu et devant ses frères et sœurs en humanité, et [de] demander pardon » (Professeur Matthieu Arnold, de la Faculté de Théologie protestante de l'Université Marc Bloch / Strasbourg II, Revue Sens 2007/1, p. 39). Du chemin a été fait, du chemin à faire, et pas que des seuls chrétiens, protestants ou autres… L'article rappelle ainsi que « les chrétiens arméniens ou les millions de victimes de régimes athées, communistes, attendent, aujourd'hui encore, en vain, une parole de justice et de vérité – sans même parler d'une parole de repentance et de demande de pardon… » (Ibid.)
Du chemin reste en aval, et en amont, on revient de loin… Puisque le christianisme est allé jusqu'à soutenir que l’Église aurait été substituée à Israël, avec tout ce que suppose une telle affirmation : depuis l'idée que l'Alliance scellée par Dieu aurait été abrogée ensuite par lui, jusqu'à l'affirmation que les Écritures où est dite l'alliance avec Israël, la Bible hébraïque, devaient être reléguées dans un passé révolu. Avec comme conséquence concrète que les témoins de cette Alliance, les juifs, devaient être certes tolérés au titre de ce témoignage de ce qui aurait été un état antérieur de la révélation, tolérés donc, mais pas égaux ! Tolérés jusqu'à ce que, mieux encore, ils deviennent chrétiens, donc disparaissent à terme en tant que juifs !
On a donc beaucoup à se faire pardonner, et on sait hélas qu'il a fallu les conséquences ultimes de cette faute morale historique, de ce péché, pour qu'on reconnaisse que ce fut effectivement un péché majeur du christianisme, puisqu'il a mené l’Église, les Églises, à manquer aux heures les plus sombres à la vigilance à laquelle Jésus appelait ses disciples – à manquer en tout cas d'une vigilance suffisante.
Le nazisme, puisqu'il s'agit de cela, n'a rien à voir avec le christianisme, il était même anti-chrétien quoiqu’en veuillent certains polémistes (*). Il n'en était pas moins convaincu, à l'instar de beaucoup dans les temps modernes, de dépasser et d'abroger ce qui l'avait précédé. Si le christianisme n'avait pas eu les mains liées par sa théologie de la substitution, de l'abrogation des paroles de Dieu pour Israël, tout permet de penser qu'il aurait été plus efficace contre cela.
On en a la preuve par les faits : quelques-uns refusaient la théologie de la substitution, comme dans des villages cévenols connus, ou ailleurs – cela leur a juste permis d’être humains ! Ce qu'ailleurs la théologie de la substitution empêchait ! Leur foi à eux était radicalement opposée à l'idée que Dieu put abroger une parole par laquelle il s'était engagé. Après la catastrophe, tous ont compris l'immensité de la faute, et ont rejoint ces minoritaires : l’Alliance ne peut pas être abrogée diront, plus tard, les déclarations protestantes évoquées en introduction – et Vatican II pour l’Église catholique.
On est allé très loin dans la faute, avant cela : c'est de justesse, peut-être, que l'on a conservé dans l'Antiquité la Bible hébraïque. On a la trace de la tentation de l'abandonner par le fait que les Pères de l’Église ont ferraillé longtemps contre cette idée, qui avait conduit des groupes (comme celui de Marcion à titre d'ex. connu) à abandonner la lecture de l'Ancien Testament, jugé soit incompatible avec le Nouveau, soit peu fiable (voire falsifié). Les Pères de l’Église ne sont pas tombés dans ce piège, mais ils n'en sont pas sortis indemnes pour autant puisqu'ils ont établi les bases de ce qui, gauchi, deviendra (selon la formule de Jules Isaac, fondateur de l'AJC) l'enseignement du mépris, repris entre autres par Luther. Tolérés, les juifs ont été maintenus dans un état de minorité, la chrétienté influençant d’ailleurs l'islam… pour en être influencée en retour comme lorsque le IVe concile de Latran prône pour les juifs la reprise de ce que faisaient les califats – des Omeyyades aux Ottomans en passant par les Abbassides et les Fatimides – pour les juifs et les chrétiens, imposant le port d'un signe distinctif, mesure que, pour la France, fera appliquer le roi Louis IX.
C'est un moment redoutable quand on sait la difficulté ultérieure des chrétiens face au nazisme, qui à son tour utilisera des signes distinctifs – pour l’intolérance, là où au Moyen Âge, c'était un signe de tolérance, avec tout ce que la tolérance a d'ambigu – je rappelle la parole du pasteur Rabaut Saint-Étienne, député à l'Assemblée constituante de 1789, réclamant, contre la tolérance octroyée aux protestants par Louis XVI en 1787, la liberté de culte, pour les juifs et les protestants : « nous voulons la liberté et pas la tolérance » !
La demande de pardon doit aller jusqu'au fait que nous avons été tolérants, oui ! La tolérance est une faute là où l'on doit la liberté – qui seule crée la responsabilité. La tolérance réduit l'autre au bon vouloir de celui qui la lui octroie (et qui se comporte donc en supérieur). Faute envers autrui, faute envers Dieu qui a fait tout être humain à son image (cf. Galates 3,28 : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme »), et qui ne saurait abroger ce qu'il a scellé par sa parole. C'est l’argument que l'on trouve déjà chez Calvin, au XVIe siècle. Toutes les conséquences n'en ont pas été tirées, mais l’argument est là, qui appuiera encore la conviction des humbles paysans (entre autres) accueillant les juifs persécutés par le nazisme – outre que c'est simplement humain, de l'ordre de la bienveillance.
L'argument est là, dans le texte chez Calvin : Dieu ne peut pas se renier lui-même, propos appliqué à l’alliance avec Israël à l'appui de la 2e Épître de Paul à Timothée : « Dieu demeure fidèle, car il ne peut pas se renier lui-même ». Il n'abroge pas ce qu'il a dit, sous peine de n'être pas fiable : pourquoi est-ce que je croirais ce que Dieu dit dans le Nouveau Testament, s'il abroge ce qu'il a promis avant ?! Sous prétexte que le Nouveau Testament a été écrit après ? Double problème théologique : outre le fait que cela suppose un Dieu qui change d'avis, cela fait un Dieu bien humain, au sens de Nietzsche : humain trop humain ! Un Dieu temporel et soumis aux aléas du temps ! Un tel dieu n'est pas le Dieu unique, le Dieu des patriarches, qui est au-delà du temps, le Dieu manifesté en Jésus-Christ, et auquel il s'adresse comme à son Père. À nous de savoir qu'un rite mis en place ultérieurement, pour légitime qu'il soit, n’abroge en rien la permanente validité d'un rite antérieur. Dieu même en est garant.
Et c'est non seulement à autrui (ici aux juifs – mais ça vaut pour toute humanité que l'on prétendrait dépasser par je ne sais quelle supériorité civilisationnelle ou religieuse) qu'il s'agit de demander pardon d'avoir tenu l'idée de dépassement, mais à Dieu : « si apportant ton offrande, dit Jésus, tu te souviens que ton frère a un reproche contre toi, laisse ton offrande et va d'abord te réconcilier avec ton frère » (Matthieu 5, 23-24). Demande de pardon, à laquelle répond l'octroi du pardon.
J'ai beaucoup parlé du passé, pour lequel il est juste d'avoir demandé pardon, de le faire quand ce n'a pas été fait. Cela vaut aussi pour le présent. Comme la théologie de l'abrogation a handicapé l’Église face aux horreurs du XXe siècle, dont elle n'était pourtant pas directement coupable, la théologie de l'abrogation et de la substitution peut encore nous handicaper aujourd'hui quant à la résistance nécessaire face aux horreurs en cours. Je pense aux groupes terroristes se réclamant de l'islam et aux exactions qu'ils font subir aux minorités, au point que certains parlent de génocide en cours au proche Orient.
Un seul exemple, qui parle du pardon, et ici du pardon octroyé – je cite The Independent : « À Mossoul en Irak, […] cette famille chrétienne […] n'avait pas payé sa "taxe religieuse" – la "djizîa" – à l’État Islamique. Résultat : leur maison a été incendiée par les combattants du djihad, alors que ses occupants [une mère et sa fille] étaient encore à l'intérieur, rapporte le quotidien britannique le 20 mai 2016 : […] Les deux femmes ont réussi à s'échapper, mais la fille [12 ans], brûlée vive au quatrième degré, décédera de ses blessures quelques heures plus tard. Dans les bras de sa mère à l'hôpital, ses derniers mots furent : "pardonne-leur". »
Nous sommes tous d'accord pour dénoncer ces exactions – dont Istanbul vient d'être la dernière victime –, mais comme au XXe siècle notre dénonciation ne sera efficace que si nous dénonçons en parallèle toute idée d'abrogation, de substitution, de supersession, de dépassement – on peut appeler cela comme l'on veut – qui est évidemment au cœur de ce qui se produit actuellement au nom de l'islam (on vient de le voir avec cette histoire de « djizîa »). Le refus de toute idée d'abrogation, et donc de toute prétention à une quelconque supériorité, est un aspect décisif de ce que peut être aujourd’hui la demande concrète de pardon et la réception concrète du pardon.
Une citation concernant le christianisme protestant puisque c'est à son titre qu'il m'est demandé d'intervenir. C'est à propos du judaïsme : « Les Églises, en tant qu'institutions, et les chrétiens, en tant qu'individus, ont un lourd passif vis-à-vis du judaïsme. Mais les déclarations récentes montrent que l'antijudaïsme théologique, séculaire, n'a plus droit de cité dans les grandes Églises protestantes [l'article cité parlant donc des relations judéo-protestantes]. Ces déclarations [… montrent] aussi [… qu'il est possible de] se repentir, [de] reconnaître ses torts devant Dieu et devant ses frères et sœurs en humanité, et [de] demander pardon » (Professeur Matthieu Arnold, de la Faculté de Théologie protestante de l'Université Marc Bloch / Strasbourg II, Revue Sens 2007/1, p. 39). Du chemin a été fait, du chemin à faire, et pas que des seuls chrétiens, protestants ou autres… L'article rappelle ainsi que « les chrétiens arméniens ou les millions de victimes de régimes athées, communistes, attendent, aujourd'hui encore, en vain, une parole de justice et de vérité – sans même parler d'une parole de repentance et de demande de pardon… » (Ibid.)
Du chemin reste en aval, et en amont, on revient de loin… Puisque le christianisme est allé jusqu'à soutenir que l’Église aurait été substituée à Israël, avec tout ce que suppose une telle affirmation : depuis l'idée que l'Alliance scellée par Dieu aurait été abrogée ensuite par lui, jusqu'à l'affirmation que les Écritures où est dite l'alliance avec Israël, la Bible hébraïque, devaient être reléguées dans un passé révolu. Avec comme conséquence concrète que les témoins de cette Alliance, les juifs, devaient être certes tolérés au titre de ce témoignage de ce qui aurait été un état antérieur de la révélation, tolérés donc, mais pas égaux ! Tolérés jusqu'à ce que, mieux encore, ils deviennent chrétiens, donc disparaissent à terme en tant que juifs !
On a donc beaucoup à se faire pardonner, et on sait hélas qu'il a fallu les conséquences ultimes de cette faute morale historique, de ce péché, pour qu'on reconnaisse que ce fut effectivement un péché majeur du christianisme, puisqu'il a mené l’Église, les Églises, à manquer aux heures les plus sombres à la vigilance à laquelle Jésus appelait ses disciples – à manquer en tout cas d'une vigilance suffisante.
Le nazisme, puisqu'il s'agit de cela, n'a rien à voir avec le christianisme, il était même anti-chrétien quoiqu’en veuillent certains polémistes (*). Il n'en était pas moins convaincu, à l'instar de beaucoup dans les temps modernes, de dépasser et d'abroger ce qui l'avait précédé. Si le christianisme n'avait pas eu les mains liées par sa théologie de la substitution, de l'abrogation des paroles de Dieu pour Israël, tout permet de penser qu'il aurait été plus efficace contre cela.
On en a la preuve par les faits : quelques-uns refusaient la théologie de la substitution, comme dans des villages cévenols connus, ou ailleurs – cela leur a juste permis d’être humains ! Ce qu'ailleurs la théologie de la substitution empêchait ! Leur foi à eux était radicalement opposée à l'idée que Dieu put abroger une parole par laquelle il s'était engagé. Après la catastrophe, tous ont compris l'immensité de la faute, et ont rejoint ces minoritaires : l’Alliance ne peut pas être abrogée diront, plus tard, les déclarations protestantes évoquées en introduction – et Vatican II pour l’Église catholique.
On est allé très loin dans la faute, avant cela : c'est de justesse, peut-être, que l'on a conservé dans l'Antiquité la Bible hébraïque. On a la trace de la tentation de l'abandonner par le fait que les Pères de l’Église ont ferraillé longtemps contre cette idée, qui avait conduit des groupes (comme celui de Marcion à titre d'ex. connu) à abandonner la lecture de l'Ancien Testament, jugé soit incompatible avec le Nouveau, soit peu fiable (voire falsifié). Les Pères de l’Église ne sont pas tombés dans ce piège, mais ils n'en sont pas sortis indemnes pour autant puisqu'ils ont établi les bases de ce qui, gauchi, deviendra (selon la formule de Jules Isaac, fondateur de l'AJC) l'enseignement du mépris, repris entre autres par Luther. Tolérés, les juifs ont été maintenus dans un état de minorité, la chrétienté influençant d’ailleurs l'islam… pour en être influencée en retour comme lorsque le IVe concile de Latran prône pour les juifs la reprise de ce que faisaient les califats – des Omeyyades aux Ottomans en passant par les Abbassides et les Fatimides – pour les juifs et les chrétiens, imposant le port d'un signe distinctif, mesure que, pour la France, fera appliquer le roi Louis IX.
C'est un moment redoutable quand on sait la difficulté ultérieure des chrétiens face au nazisme, qui à son tour utilisera des signes distinctifs – pour l’intolérance, là où au Moyen Âge, c'était un signe de tolérance, avec tout ce que la tolérance a d'ambigu – je rappelle la parole du pasteur Rabaut Saint-Étienne, député à l'Assemblée constituante de 1789, réclamant, contre la tolérance octroyée aux protestants par Louis XVI en 1787, la liberté de culte, pour les juifs et les protestants : « nous voulons la liberté et pas la tolérance » !
La demande de pardon doit aller jusqu'au fait que nous avons été tolérants, oui ! La tolérance est une faute là où l'on doit la liberté – qui seule crée la responsabilité. La tolérance réduit l'autre au bon vouloir de celui qui la lui octroie (et qui se comporte donc en supérieur). Faute envers autrui, faute envers Dieu qui a fait tout être humain à son image (cf. Galates 3,28 : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme »), et qui ne saurait abroger ce qu'il a scellé par sa parole. C'est l’argument que l'on trouve déjà chez Calvin, au XVIe siècle. Toutes les conséquences n'en ont pas été tirées, mais l’argument est là, qui appuiera encore la conviction des humbles paysans (entre autres) accueillant les juifs persécutés par le nazisme – outre que c'est simplement humain, de l'ordre de la bienveillance.
L'argument est là, dans le texte chez Calvin : Dieu ne peut pas se renier lui-même, propos appliqué à l’alliance avec Israël à l'appui de la 2e Épître de Paul à Timothée : « Dieu demeure fidèle, car il ne peut pas se renier lui-même ». Il n'abroge pas ce qu'il a dit, sous peine de n'être pas fiable : pourquoi est-ce que je croirais ce que Dieu dit dans le Nouveau Testament, s'il abroge ce qu'il a promis avant ?! Sous prétexte que le Nouveau Testament a été écrit après ? Double problème théologique : outre le fait que cela suppose un Dieu qui change d'avis, cela fait un Dieu bien humain, au sens de Nietzsche : humain trop humain ! Un Dieu temporel et soumis aux aléas du temps ! Un tel dieu n'est pas le Dieu unique, le Dieu des patriarches, qui est au-delà du temps, le Dieu manifesté en Jésus-Christ, et auquel il s'adresse comme à son Père. À nous de savoir qu'un rite mis en place ultérieurement, pour légitime qu'il soit, n’abroge en rien la permanente validité d'un rite antérieur. Dieu même en est garant.
Et c'est non seulement à autrui (ici aux juifs – mais ça vaut pour toute humanité que l'on prétendrait dépasser par je ne sais quelle supériorité civilisationnelle ou religieuse) qu'il s'agit de demander pardon d'avoir tenu l'idée de dépassement, mais à Dieu : « si apportant ton offrande, dit Jésus, tu te souviens que ton frère a un reproche contre toi, laisse ton offrande et va d'abord te réconcilier avec ton frère » (Matthieu 5, 23-24). Demande de pardon, à laquelle répond l'octroi du pardon.
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J'ai beaucoup parlé du passé, pour lequel il est juste d'avoir demandé pardon, de le faire quand ce n'a pas été fait. Cela vaut aussi pour le présent. Comme la théologie de l'abrogation a handicapé l’Église face aux horreurs du XXe siècle, dont elle n'était pourtant pas directement coupable, la théologie de l'abrogation et de la substitution peut encore nous handicaper aujourd'hui quant à la résistance nécessaire face aux horreurs en cours. Je pense aux groupes terroristes se réclamant de l'islam et aux exactions qu'ils font subir aux minorités, au point que certains parlent de génocide en cours au proche Orient.
Un seul exemple, qui parle du pardon, et ici du pardon octroyé – je cite The Independent : « À Mossoul en Irak, […] cette famille chrétienne […] n'avait pas payé sa "taxe religieuse" – la "djizîa" – à l’État Islamique. Résultat : leur maison a été incendiée par les combattants du djihad, alors que ses occupants [une mère et sa fille] étaient encore à l'intérieur, rapporte le quotidien britannique le 20 mai 2016 : […] Les deux femmes ont réussi à s'échapper, mais la fille [12 ans], brûlée vive au quatrième degré, décédera de ses blessures quelques heures plus tard. Dans les bras de sa mère à l'hôpital, ses derniers mots furent : "pardonne-leur". »
Nous sommes tous d'accord pour dénoncer ces exactions – dont Istanbul vient d'être la dernière victime –, mais comme au XXe siècle notre dénonciation ne sera efficace que si nous dénonçons en parallèle toute idée d'abrogation, de substitution, de supersession, de dépassement – on peut appeler cela comme l'on veut – qui est évidemment au cœur de ce qui se produit actuellement au nom de l'islam (on vient de le voir avec cette histoire de « djizîa »). Le refus de toute idée d'abrogation, et donc de toute prétention à une quelconque supériorité, est un aspect décisif de ce que peut être aujourd’hui la demande concrète de pardon et la réception concrète du pardon.
(* Note du 31.01.2020 :) « Nous avons exterminé une bactérie [les juifs] parce que nous ne voulions pas en fin de compte être infectés par la bactérie et en mourir. Je ne supporterai pas qu’apparaisse et que persiste la moindre zone d’infection ici. Partout où elle apparaîtra, nous la cautériserons. Dans l’ensemble, nous pouvons dire que nous avons accompli ce devoir des plus difficiles pour l’amour de notre peuple. » (Heinrich Himmler, en 1943, cité par Jeremy Noakes et Geoffrey Pridham, dir., Documents on Nazism l9l9-1945 (New York, The Viking Press, 1975), p. 493.)
Or, pour les nazis, si la bactérie est juive, le moyen et la zone d’infection est le christianisme. La volonté revendiquée par les nazis d’éradiquer la bactérie vise à déboucher sur un assèchement de la zone d’infection, faisant du nazisme ipso facto une idéologie anti-chrétienne. Le « catholicisme » « baptismal » d’Hitler n’y change rien, quoiqu’en veuille par ex. un Onfray (et ceux qui le suivent), prélevant de Mein Kampf la célébration par Hitler de la « purification » du Temple par Jésus, dont il fait un acte antisémite ! (Sic !) Tentative pernicieuse de séduction des chrétiens qui ne percevraient pas que le christianisme ne peut qu’être étranger à cela. Cette opposition foncière est déjà là dans un certain germanisme antérieur au nazisme : cf. par ex. Nietzsche, expliquant dans la 1ère dissertation de sa Généalogie de la morale le processus par lequel le christianisme est juif, inoculant la morale juive d’esclaves à la race des seigneurs aryens (sic : ce sont les mots de Nietzsche).
Or, pour les nazis, si la bactérie est juive, le moyen et la zone d’infection est le christianisme. La volonté revendiquée par les nazis d’éradiquer la bactérie vise à déboucher sur un assèchement de la zone d’infection, faisant du nazisme ipso facto une idéologie anti-chrétienne. Le « catholicisme » « baptismal » d’Hitler n’y change rien, quoiqu’en veuille par ex. un Onfray (et ceux qui le suivent), prélevant de Mein Kampf la célébration par Hitler de la « purification » du Temple par Jésus, dont il fait un acte antisémite ! (Sic !) Tentative pernicieuse de séduction des chrétiens qui ne percevraient pas que le christianisme ne peut qu’être étranger à cela. Cette opposition foncière est déjà là dans un certain germanisme antérieur au nazisme : cf. par ex. Nietzsche, expliquant dans la 1ère dissertation de sa Généalogie de la morale le processus par lequel le christianisme est juif, inoculant la morale juive d’esclaves à la race des seigneurs aryens (sic : ce sont les mots de Nietzsche).
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