"Tous, nous serons transformés par la victoire de Notre Seigneur Jésus Christ"
(cf. 1 Co 15, 51-58)
(cf. 1 Co 15, 51-58)
Habaquq 3, 17-19 ; 1 Corinthiens 15, 51-58 ; Jean 12, 23-26
Jean 12, 23-26
23 Jésus leur répondit en ces termes : "Elle est venue, l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié.
24 En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance.
25 Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
26 Si quelqu’un veut me servir, qu’il se mette à ma suite, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera.
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« Glorifié » : Jésus parle de la croix : bientôt tout le monde va le voir. Sur cette croix, lui, le Juste, le Juste par excellence, est glorifié, de la gloire qui est la sienne auprès de Dieu avant même que le monde ne soit.
Un signe, pour Jésus, que son jour approche — c’est juste avant notre texte : des Grecs veulent le voir. Ces Grecs, qui sont en fait des juifs grecs de la diaspora, ou des proches du judaïsme, viennent du bassin méditerranéen, de loin. Jésus répond alors à la question des disciples les concernant.
Ils veulent voir Jésus ? Ils vont bientôt le voir — en un sens tout particulier — : dès lors, il le sait, son heure approche. Ils vont le voir, élevé à la croix, c’est-à-dire glorifié, à la croix d’où il va attirer tous les hommes à lui, depuis les extrémités de la Terre, au-delà même des frontières du bassin méditerranéen.
C’est l’heure où le Fils de l’homme doit être glorifié — concrètement, mourir ! C’est ainsi, mis à mort comme le grain qui tombe en terre, qu’il va porter le fruit de la promesse faite à Abraham jusqu’aux extrémités de la Terre.
Du haut de la croix, le monde nouveau se met en place. Le crucifié est glorifié — couronné de la sorte roi d’un Royaume qui n’est pas ce monde ; mais qui est le seul Royaume qui se passera pas.
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La question est alors pour nous celle de notre entrée dans ce Royaume, selon que « tous, nous serons transformés par la victoire de Notre Seigneur Jésus Christ » (cf. 1 Co 15, 51-58). Jésus en indique le chemin : « Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il se mette à ma suite, et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, le Père l’honorera. »
Être sur la croix avec lui, dans sa gloire. Je suis le chemin, dira-t-il quelques versets plus tard. Glorifié dans sa mort. Le suivre, pour être avec lui plutôt qu’avec le monde de ses ennemis, c’est faire fi des glorioles de ce monde. C’est faire fi des vanités qui passent. C’est renoncer à donner sens à sa propre vie. Ma vie ne prend sens que du non-sens de sa crucifixion / glorification. Il n’y a de gloire que celle-là. Servir, le servir, est le seul honneur qui vaille.
Voilà la réponse à la question des Grecs, à notre question (puisque, comme eux, nous sommes ici pour rencontrer Jésus…). Vous voulez me voir ? Mais on ne me voit que dans mon élévation, à la gloire, à la croix. On ne me voit que là, on ne me rejoint que là. Vous voulez me voir ? Soit, mais cela vous coûtera tout ! « Celui qui aime sa vie la perd, et celui qui cesse de s’y attacher en ce monde la gardera pour la vie éternelle. »
C’est ainsi, de cette façon, que « tous, nous serons transformés par la victoire de Notre Seigneur Jésus Christ » (cf. 1 Co 15, 51-58).
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Ici, il n’y a pas de neutralité possible. Il n’y a pas de simples observateurs de la crucifixion. Mais une alternative. La seule vraie alternative, au fond, de l’Histoire du monde. Avec le Christ sur la croix, dans la gloire, ouverture infinie ; ou… ce qui est clos définitivement ce jour-là et n’est pas proposé, une impasse vaine. Telle est la croisée des chemins où nous place Jésus aujourd’hui.